Jeux vidéo et politique-fiction

Jeux vidéo et politique-fiction

La Coupe de Tunisie des Jeux Vidéo se prépare et aura lieu à Tunis, à la
Cité des Sciences, du 20 au 23 mars. Les spécialistes tunisiens du joystick
s’échauffent déjà en s’excitant sur leurs manettes, les yeux rivés sur leur
écran. Des sponsors intéressés par le potentiel d’une compétition branchée
et qui cible les jeunes, se sont empressés de soutenir la manifestation.
Pour un tournoi dans l’air du temps, dans un environnement high-tech, mais
dans un univers loin d’être aseptisé.

 

Counter Strike, l’un des jeux les plus prisés des joueurs de Tunisie et
d’ailleurs, met en scène une équipe de «terroristes», pris en chasse par des
services de sécurité. Les sempiternels gendarmes et voleurs en somme, sauf
qu’en l’occurrence, le principe de ce tournoi prend des allures
particulières sous les feux … de l’actualité. C’est toujours à qui descendra
l’autre le plus vite, en tirant plus vite que son ombre. Sauf que les
flingues en question sont bien sûr virtuels.

 

Les vainqueurs du tournoi gagneront un ticket pour les Etats-Unis. Ils
représenteront donc nos couleurs au pays de l’Oncle Sam. On se souviendra en
cette occasion qu’un de nos comédiens, Lotfi Abdelli, a été soumis à un long
interrogatoire par les «services» américains.

 

Les raisons ? Elles sont, là aussi, purement virtuelles. Les Américains ont
beau connaître le cinéma, ils ne savent pas toujours faire la différence
entre réalité et fiction. Notre Lotfi, connu pour sa gentillesse (et pour
être un fameux danseur), a été soupçonné de «malveillance» à l’encontre des
intérêts US. Les racines vénéneuses du soupçon sont à chercher dans le rôle
qu’a joué notre acteur dans le film (Making of) de Nouri Bouzid. Les flics
ont donc fait toute une histoire d’une pure fiction sur grand écran. Alors
que notre homme était l’invité de l’Art et de la Culture, et non le
représentant d’une quelconque idéologie. A croire qu’un personnage fictif et
donc parfaitement virtuel, est parvenu à éclipser le réel.

 

On ne voudrait en aucun cas porter la poisse à nos jeunes joueurs. S’ils
tirent, ce n’est jamais à balles réelles mais toujours par le biais
d’avatars vidéos, créés de toutes pièces par l’industrie du jeu.


O.C.