Le baril de pétrole reste près de 110 dollars, dopé par le dollar faible

 
 
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Puits de pétrole dans le Dakota du Nord, aux Etats-Unis, en mai 2007 (Photo : Karen Bleier)

[13/03/2008 12:05:19] LONDRES (AFP) Le baril de pétrole avoisinait jeudi matin les 110 dollars le baril à New York, seuil franchi pour la première fois la veille, alors que la déliquescence du billet vert, tombé dans la matinée sous 1,56 dollar pour un euro, continue à soutenir les prix de l’or noir malgré des nouvelles baissières.

Vers 11H00 GMT, sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s’échangeait à 109,93 dollars, en hausse d’un cent par rappport à la clôture de mercredi soir.

A la même heure, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en avril valait 106,10 dollars, en baisse de 17 cents.

Depuis le début de la semaine, les prix du pétrole pulvérisent chaque jour leurs records, en une trajectoire symétriquement inverse à celle du dollar : chaque nouveau plongeon du billet entraîne automatiquement un record pétrolier. En trois jours, le pétrole a ainsi franchi les seuils de 107, 108, 109 et 110 dollars. Jeudi, les prix ont culminé aux prix records de 110,20 dollars à New York et 106,45 dollars à Londres.

“Les mouvements actuels du marché du pétrole montrent clairement que M. Trichet est davantage responsable du pétrole à plus de 110 dollars que M. Nouaïmi”, estimait Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix. En d’autres termes, les prix du pétrole sont essentiellement dus à la dévalorisation du dollar et ils ne reflèteraient plus, pour M. Jakob, la réalité physique du marché, dominée par le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep).

La rigueur monétaire de la Banque centrale européenne, présidée par Jean-Claude Trichet, entretient la hausse de la monnaie unique face à un dollar sapé par la politique agressive de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Or, la faiblesse du dollar incite les investisseurs à acheter du pétrole pour se couvrir contre l’inflation et diversifier des portefeuilles plombés par la chute des marchés d’action. De plus, elle renforce le pouvoir d’achat des investisseurs hors zone dollar, puisque la facture de l’or noir est libellée en dollars.

Les yeux braqués sur le billet vert, les investisseurs ont continué à acheter à tour de bras du pétrole, ignorant des nouvelles de nature à tirer les cours vers le bas : l’Agence internationale de l’énergie a ainsi révisé à la baisse mardi ses prévisions de demande mondiale, prenant en compte un probable ralentissement économique mondial et les risques d’une récession aux Etats-Unis.

Le rapport hebdomadaire publié mercredi par le Département américain de l’Energie (DoE) a suggéré quant à lui des stocks confortables aux Etats-Unis : les réserves de brut ont augmenté de 6,2 million de barils la semaine achevée le 7 mars, quatre fois plus que prévu, tandis que les réserves d’essence ont continué à progresser, pour atteindre, selon Olivier Jakob, “leur plus haut niveau depuis quinze ans”.

Les réserves de distillats ont fondu de 1,2 million de barils, moins que n’anticipaient les analystes, et elles s’établissent à des niveaux normaux pour la saison.

La progression jeudi du prix des hydrocarbures, “malgré une hausse importante des stocks de brut”, indique que les fondamentaux du marché (l’or et la demande) sont ignorés” par le marché, ont commenté les analystes du cabinet indépendant John Hall.

A court terme, de nombreux experts pronostiquent à présent une correction des prix.

 13/03/2008 12:05:19 – © 2008 AFP