[13/03/2008 12:04:02] WASHINGTON (AFP) Le fonds d’investissement américain Carlyle Capital Corporation a annoncé jeudi sa probable faillite après avoir fait défaut sur près de 17 milliards de dollars de dette, nouveau signe inquiétant de l’aggravation de la crise financière. La nouvelle a contribué à faire plonger les cours des actions en Asie et en Europe. Incapable de trouver un accord avec ses créanciers, Carlyle Capital Corporation (CCC) “s’attend à ce qu’ils prennent possession du reste des actifs de la société”. Le portefeuille d’actifs de CCC atteignait 21 milliards de dollars au total. Les difficultés de CCC n’ont cessé de s’aggraver depuis le début de la semaine dernière, les banques créancières notifiant les unes après les autres au fonds ses défauts de paiement. C’est un échec cuisant pour la puissante société d’investissement américaine Carlyle Group, qui a créé CCC et l’a introduit en Bourse en juillet. Même s’il n’est pas directement actionnaire de CCC, Carlyle Group a activement participé aux négociations pour tenter de trouver une issue aux problèmes de remboursement du fonds coté. Initialement valorisée à 19 dollars, l’action CCC ne valait plus que 83 cents jeudi. En huit mois, 330 millions de dollars de capitalisation boursière se sont envolés en fumée. Les places européennes perdaient pour la plupart plus de 2% en fin de matinée. “Ce qui arrive à Carlyle Capital fait craindre à beaucoup que d’autres institutions puissent s’effondrer car la crise mondiale du crédit est loin d’être terminée,” a commenté Howard Gorges, vice-président de la maison de courtage de Hong Kong South China Securities. La faillite annoncée de CCC est liée aux limites de son modèle. Le fonds avait investi massivement et presque exclusivement dans des titres adossés à des prêts immobiliers américains. Bien qu’il ne s’agisse pas de prêts à risque, dits “subprime”, leur valeur a récemment chuté. Ces investissements ayant été très largement financés par de la dette, CCC empruntant à hauteur d’environ vingt fois ses capitaux propres, l’effet de la baisse de valeur des titres a été démultiplié. Inquiets de la chute de valeur des titres, les créanciers de CCC ont déclenché le mécanisme dit des appels de marge, ces sommes que les fonds doivent apporter en garantie pour démontrer leur capacité à honorer leurs engagements. Ces appels de marge ont dépassé 400 millions de dollars sur les sept derniers jours ouvrés et CCC s’est trouvé incapable de les honorer tous, ne disposant pas de liquidités suffisantes. Une ligne de crédit exceptionnelle de 150 millions de dollars, financée sur les deniers personnels des associés de Carlyle Group, n’aura pas suffi à faire face. La faillite de CCC illustre la nouvelle aggravation de la crise financière, liée à la détérioration du marché immobilier américain, qui ne touche désormais plus seulement les titres “subprime”. Le géant Carlyle Group a affirmé mercredi que les difficultés de CCC n’auront “pas d’impact mesurable” sur le groupe, précisant n’avoir acquis “aucun titre” de CCC. Mais l’effet n’est pas neutre en termes d’image. Forts de leur réussite insolente, les fonds d’investissement vedettes ont profité de marchés financiers euphoriques ces dernières années pour s’introduire en Bourse, calculant leur prix d’introduction comme un pourcentage de leurs actifs sous gestion. Mais la valeur de ces actifs atteignait souvent des sommets, leur achat étant, en grande partie, financé par de l’endettement. La conjonction de la baisse du prix des actifs et de la hausse du coût de la dette consécutive à la crise du “subprime” ont bousculé le modèle de ces fonds. Leur branche cotée en est la première victime. Outre Carlyle, les célèbres fonds Blackstone et KKR ont ainsi vu leurs actions dégringoler en Bourse ces derniers mois. |
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