Les mandats de l’UIMM au coeur de la lutte de pouvoir au sein du patronat

 
 
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Laurence Parisot, le 6 février 2008 à Paris (Photo : Patrick Hertzog)

[13/03/2008 16:10:50] PARIS (AFP) En demandant à l’UIMM de renoncer à ses mandats au sein des organismes paritaires, Laurence Parisot veut réduire l’emprise historique de la métallurgie sur le patronat et renforcer l’influence des autres composantes du Medef dans les négociations sociales, selon des experts.

“On ne peut pas considérer qu’une seule fédération représente l’intérêt général de toutes les entreprises françaises”, avait souligné Mme Parisot en exigeant “une remise à plat” des mandats détenus par l’Union des industries et métiers de la métallurgie.

Pour la présidente du Medef, il s’agit de “réduire l’emprise de la fédération de la métallurgie sur les négociations sociales”, décrypte Pierre Héritier, fondateur du centre d’études sociales Lasaire. “Depuis la reconstruction du mouvement patronal après la deuxième guerre mondiale, l’UIMM a mis la main sur l’ensemble de ces questions. Elle ne les a plus lâchées”.

L’industrie et la métallurgie sont “en perte de vitesse dans l’économie, c’est pourquoi Mme Parisot souhaite que d’autres branches comme les services dont elle est issue –elle dirige l’institut de sondages Ifop depuis 1990– pèsent davantage dans la balance”, ajoute René Mouriaux, expert syndical.

Les membres de l’Union métallurgique exercent actuellement une centaine de mandats nationaux, sur les 940 dont dispose le Medef, et jouent un rôle majeur dans les négociations entre employeurs et salariés.

L’UIMM détient des mandats clés au sein d’organismes paritaires (gérés en alternance par les syndicats et le patronat) comme l’ANPE, l’Unedic, l’Agirc (caisses de retraites complémentaires des cadres), l’Acoss (Agence centrale des organismes de sécurité sociale), ou l’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes).

“Le mandataire n’a pas de pouvoir discrétionnaire mais a son mot à dire sur le vote du budget et le recrutement des directeurs généraux notamment”, explique le vice-président de la CGPME, Jean-François Veysset, candidat à la présidence de l’Unedic.

Selon M. Héritier, “les mandataires pèsent de tout leur poids dans les négociations et donc dans la vie de milliers de salariés” et ont “un grand pouvoir financier au vu des budgets colossaux gérés par certains organismes”.

“Ce sont des faiseurs de roi, beaucoup de directeurs généraux leurs doivent leur poste”, ajoute-t-il, épinglant que beaucoup de mandats sont détenus par “un réseau de copains” de l’UIMM.

Denis Gautier-Sauvagnac, a présidé de 1994 à 2006 l’Unedic à trois reprises, pendant six ans. Son prédécesseur à la tête de l’UIMM, Daniel Dewavrin, dirige notamment le 1% logement.

Quant à Dominique de Calan, ex-délégué général adjoint de l’Union, il cumule à lui seul un record de 17 mandats.

Dans cette bataille pour le contrôle des mandats détenus par l’UIMM, Mme Parisot ne paraît pas “en position de force”, juge M. Mouriaux.

Principale contributrice au budget du Medef (à hauteur de 7% selon le mouvement patronal), la fédération métallurgique incarne les intérêts de très grandes entreprises françaises, telles Areva ou Peugeot, mais aussi de milliers de PME.

“Le Medef, aura du mal à assurer la relève”, estimait récemment le président de la CFE-CGC Bernard van Craeynest, vice-président de l’Agirc. L’UIMM a “une technostructure solide, une implantation territoriale, un appareil performant, connu des régions et des entreprises et dont il paraîtrait préjudiciable de se passer”.

“Elle est très compétente pour négocier car elle dispose d’un bataillon de juristes et d’experts, le Medef est squelletique par rapport à elle et Mme Parisot n’a pas les moyens de ses ambitions”, affirme de son côté une source patronale proche de l’UIMM.

 13/03/2008 16:10:50 – © 2008 AFP