[13/03/2008 18:01:13] PARIS (AFP)
Plusieurs groupes industriels français, à l’instar de Veolia jeudi, vont expérimenter le stockage de leur CO2 pour réduire les émissions polluantes, des projets encore coûteux mais encouragés désormais par la Commission européenne. Les technologies de captage et stockage de CO2 visent à capturer le dioxyde de carbone émis par les centrales électriques, avant ou après la combustion des matières premières, avec ou sans oxygène, pour l’enfouir ensuite sous terre. Le groupe d’eau et de propreté Veolia Environnement a annoncé jeudi le lancement d’un projet de capture et stockage de CO2 à Claye-Souilly en Seine-et-Marne, qui serait le plus grand projet en France avec celui du groupe pétrolier Total dans le sud-ouest. Total avait annoncé en février 2007 un projet similaire à Lacq, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), visant à injecter sous la terre, pendant deux ans, à partir de la fin de l’année, 150.000 tonnes de CO2 à 4.500 mètres de profondeur.
Veolia va enfouir chaque année 200.000 tonnes de CO2, émis par la combustion du biogaz (méthane) extrait des déchets stockés à Claye-Souilly, sa plus grande décharge en France. Le CO2 sera ensuite “injecté, sous contrôle, dans un aquifère salin, situé à plus de 1.500 mètres de profondeur pendant plusieurs années”. Son concurrent Suez a aussi évoqué un projet de captage et stockage de CO2 dans le bassin parisien, qui sera piloté par le groupe franco-américain de services pétroliers Schlumberger, avec notamment Gaz de France et le groupe industriel Alstom. Alstom développe plusieurs procédés de capture du CO2, comme celui qui utilise de l’ammoniaque réfrigéré. Le groupe industriel vient de lancer avec l’Institut américain de recherche sur l’énergie électrique (Epri) un projet de capture de CO2 utilisant ce procédé dans une centrale aux Etats-Unis. Ces expérimentations associent souvent l’Institut français du pétrole (IFP), la société spécialisée Géostock et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). La Commission européenne juge “indispensables” ces projets pour atteindre les objectifs de l’Union européenne de diviser par deux les émissions de CO2 d’ici 2050, tout en continuant à répondre à une demande croissante en énergie. Elle a présenté le 23 janvier un projet de directive qui précise les critères de développement du stockage, depuis le dépôt du permis jusqu’à sa fermeture, en rappelant qu’un tiers des centrales au charbon en Europe seraient remplacées au cours des dix prochaines années. En stockant leur CO2 dans de bonnes conditions, les groupes industriels vont “gagner des permis” d’émissions de CO2, qui pourraient par ailleurs devenir payants selon les projets de la Commission européenne, explique François Kalaydjian, de l’IFP. En outre, le captage, qui n’est pas obligatoire en Europe, va le devenir au Canada. Ottawa a annoncé lundi qu’il allait l’imposer, à partir de 2012, aux compagnies pétrolières comme Total exploitant ses sables bitumineux, qui génèrent trois fois plus de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel. Ces technologies demeurent toutefois très coûteuses. “Le coût du captage et du stockage du CO2 varie entre 30 et 60 euros la tonne. Si le prix de la tonne de CO2 est en deçà, ça n’est pas rentable”, explique M. Kalaydjian. Sur le marché européen mercredi, la tonne de carbone à décembre 2008 s’échangeait à environ 22 euros, selon le site spécialisé point.carbone. Reste à savoir si les pouvoirs publics aideront à financer ces projets. Aux Etats-Unis, le gouvernement a renoncé en février à une aide d’1,1 milliard de dollars pour un projet de grande centrale “propre” dans l’Illinois. |
||||
|