Malgré les propos de Bush, les Etats-Unis tiennent au “dollar fort”

 
 
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George W. Bush le 13 mars 2008 à Washington (Photo : Jim Watson)

[13/03/2008 20:29:47] WASHINGTON (AFP) En dépit de la dégringolade du billet vert, les Etats-Unis gardent une politique du “dollar fort”, ont martelé jeudi plusieurs responsables américains après des propos du président George W. Bush qui avaient laissé croire à une inflexion.

M. Bush n’a pas changé de politique en ce qui concerne le dollar et continue à se concentrer sur les “fondamentaux” de l’économie américaine, a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche, Tony Fratto.

Le président “ne changeait pas de politique” quand il déclarait mercredi, face au nouveau record de l’euro par rapport au dollar, être favorable à un dollar plus fort, a dit M. Fratto.

“Le président a dit à de nombreuses reprises que nous menons une politique du dollar fort et qu’à la longue les fondamentaux économiques se refléteront dans la valeur du dollar”, a-t-il dit.

Peu auparavant, le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson avait martelé le même message, répétant à plusieurs reprises qu'”un dollar fort est de l’intérêt de notre nation”.

“Notre économie, comme toutes les autres, a des hauts et des bas. Nos fondamentaux à long terme sont solides. Je crois que cela se reflétera sur le marché des changes”, a assuré M. Paulson.

Les deux responsables ont été contraints de monter au créneau après des propos inattendus du président Bush la veille.

“Absolument”, avait-il répondu à la chaîne de télévision PBS qui lui demandait s’il voudrait voir un dollar plus fort.

“Ce ne sont pas des bonnes nouvelles quand vous êtes comme moi pour un dollar fort”, a-t-il dit après que l’euro eut franchi la barre de 1,55 dollar pour la première fois depuis son lancement en 1999.

Lapsus ou pataquès de communication, ces propos avaient laissé penser aux économistes que l’administration se décidait finalement à infléchir son ambiguë politique du “dollar fort” décrétée il y a plusieurs années.

Le taux de change du dollar ne cesse de se déprécier face aux autres grandes monnaies, notamment l’euro et le yen. Mais les responsables américains donnent un feu vert tacite à cette dégradation en répétant régulièrement qu’ils veulent un dollar “fort”… mais que c’est aux marchés de fixer librement les cours des monnaies.

Personne n’est dupe sur le message, qui signifie qu’en fait Washington se satisfait très bien de voir sa monnaie glisser tant que cela se fait de façon ordonnée.

En effet cette détérioration du taux de change du dollar a plutôt servi les Etats-Unis, qui ont pu réduire pour la première fois en six ans leur déficit commercial l’an dernier.

Dans le même temps, les investisseurs étrangers ont continué d’investir aux Etats-Unis, ce qui ne semble pas indiquer une perte de confiance massive dans le billet vert.

Le problème aujourd’hui est que la dépréciation semble s’accélérer. L’euro a dépassé jeudi le seuil de 1,56 dollar, et il restait à des plus bas depuis 1995 face au yen.

Un cercle vicieux de mauvaises nouvelles pèse en effet sur le dollar.

La devise américaine est d’abord mise sous pression par les craintes sur la santé de l’économie. Selon un sondage du Wall Street Journal à paraître vendredi, une large majorité d’économistes estiment désormais que les Etats-Unis sont entrés en récession

Jeudi, les chiffres des ventes de détail de février sont venus conforter ce scénario, avec une baisse de 0,6% bien pire que les attentes.

Aussi les analystes anticipent-ils une nouvelle baisse d’un demi-point du taux directeur de la Réserve fédérale, qui devrait ramener le “Fed funds” à 2,50% la semaine prochaine. Cette baisse du loyer de l’argent réduit la rémunération des placements en dollar, ce qui contribue aussi à la baisse du billet vert.

 13/03/2008 20:29:47 – © 2008 AFP