UIMM : le Medef lâche Dominique de Calan, le juge s’intéresse à la piste politique

 
 
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La présidente du Medef Laurence Parisot, le 6 février 2008 à Paris (Photo : Patrick Hertzog)

[13/03/2008 19:54:44] PARIS (AFP) Le Medef a retiré jeudi à Dominique de Calan, ex-numéro deux du patronat de la métallurgie (UIMM) son mandat pour présider la caisse de retraites complémentaires des cadres (Agirc), alors que la justice s’intéresse aux éventuelles ramifications politiques du scandale UIMM.

Dans un courrier lu lors du conseil d’administration de l’Agirc, réuni jeudi, le Medef a indiqué que M. de Calan, “désigné par courrier du 22 janvier 2008 pour siéger au conseil d’administration de l’Agirc ne fait plus partie des administrateurs désignés par le Medef à compter de ce jour”.

Le Medef n’a pas désigné immédiatement de remplaçant, indiquant vouloir le faire “dans les plus brefs délais”.

Le lâchage de M. de Calan intervient alors que la présidente du Medef, Laurence Parisot, continue d’exiger que l’UIMM renonce à ses mandats au sein des organismes paritaires, gérés avec les syndicats, et qu’une violente polémique l’oppose à la vieille garde de l’UIMM sur la question de savoir si elle avait ou non eu vent de l’existence de retraits en liquide avant l’été.

Quelque 19 millions d’euros ont été retirés en liquide entre 2000 et 2007 sur des comptes appartenant à l’UIMM.

Les enquêteurs soupçonnent que ces fonds aient servi au financement de syndicats mais n’excluent pas qu’une partie ait pu servir à des financements politiques occultes.

L’ancien président de l’UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac a jusqu’à présent tu à la justice le nom des bénéficiaires, car ce “ne serait pas bon, du point de vue de l’intérêt général”, a-t-il soutenu le 15 janvier lors de sa mise en examen.

Le juge Le Loire, chargé de l’enquête, a entendu jeudi l’ancien patron des Renseignements généraux (RG) Yves Bertrand, invité à s’expliquer sur des affirmations contenues dans un livre publié chez Plon en octobre 2007, “Je ne sais rien…mais je dirai tout”.

Dans cet ouvrage, l’ancien directeur central des RG de 1992 à 2004 écrit notamment que des “enveloppes” de l’UIMM ont servi à la campagne de Valéry Giscard d’Estaing pour l’élection présidentielle de 1974.

A la sortie de son audition, M. Bertrand a affirmé ne pas avoir fait de “révélation”, mais expliqué au juge le contexte du financement d’organisations syndicales et politiques dans les années 1970, évoquant un “cours d’histoire”.

Selon des sources policières alors en poste, à cette époque “pour le patronat, l’ennemi numéro un était le communisme et l’URSS”.

Plusieurs administrateurs syndicaux de l’Agirc avaient souhaité mercredi le départ de M. de Calan, réélu président le 12 février, pour en principe deux ans. Ancien bras droit de Denis Gautier-Sauvagnac, il avait été mis en examen le 14 février dans le cadre de l’affaire.

Un comité des mandats est prévu la semaine prochaine au Medef, qui devrait désigner ses nouveaux candidats à la présidences de l’Agirc et de l’assurance chômage (Unedic).

La succession à la tête de l’Unedic s’annonce très disputée, plusieurs dirigeants patronaux ayant déjà fait acte de candidature au poste occupé à trois reprises, par Denis Gautier-Sauvagnac, de 1994 à 2006.

Mme Parisot a déjeuné jeudi à l’Elysée avec le président Nicolas Sarkozy.

Les projets de loi et réformes à venir après les municipales ont été évoqués, mais aussi les négociations en cours sur la représentativité des organisations syndicales.

Elle a prévu de rencontrer “vendredi en fin d’après-midi” plusieurs grands patrons pour évoquer la modernisation du patronat.

 13/03/2008 19:54:44 – © 2008 AFP