Les Européens préoccupés par l’euro fort et la flambée des prix du pétrole

 
 
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Le chef du gouvernement italien Romano Prodi lors d’une conférence de presse, le 13 mars 2008 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[13/03/2008 21:07:42] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants européens réunis en sommet ont exprimé jeudi leur préoccupation face à la hausse ininterrompue de l’euro et des prix du pétrole, le chef du gouvernement italien Romano Prodi estimant qu'”une réaction rapide est nécessaire” désormais.

“Il est clair que nous sommes préoccupés par le cours de l’euro, le cours du pétrole, le cours de l’or, des matière premières. C’est dans ce cadre que nous avons ouvert nos discussions”, a-t-il déclaré dans la soirée à la presse à l’issue de la première réunion de travail du sommet européen à Bruxelles.

“Je n’arrive même plus à suivre les cours du pétrole. Peut être a-t-il encore évolué au cours des quatre dernières heures”, a-t-il souligné.

“L’Union européenne réagit relativement bien dans un climat mondial plein d’incertitudes”, a-t-il estimé. Mais “nous avons une grande inquiétude pour l’évolution de l’économie mondiale. Nous devons nous en occuper avec force et rapidement. Nous devons réagir”, a-t-il insisté.

L’euro a atteint un nouveau record jeudi à plus de 1,56 dollar. Les cours du baril de pétrole ont pour leur part clôturé pour la première fois au-delà du seuil symbolique des 110 dollars à New York, en raison précisément de l’affaissement du billet vert, qui attire en masse les investisseurs vers les marchés des matières premières.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, s’est également inquiété de l’appréciation de l’euro qui, si elle permet d’alléger la facture pétrolière européenne, payée en dollars, pèse en même temps sur les exportations.

Le géant aéronautique européen EADS vient d’annoncer que face à la faiblesse du dollar il souhaitait payer tous les sous-traitants travaillant sur son futur long-courrier Airbus A350 XWB en devise américaine.

“L’Europe est “de plus en plus vigilante” sur les changes, a dit M. Juncker, ministre des Finances et Premier ministre luxembourgeois, peu avant le début du sommet.

Toutefois, il est inutile à ses yeux en l’état pour les Européens de vouloir être “hyperactifs”, alors que certaines voix plaident en faveur d’une réaction beaucoup plus ferme des Européens face à la glissade du dollar.

Mais, a-t-il ajouté, “nous n’aimons pas la volatilité excessive des changes”. Et il s’est dit “très content” des propos tenus la veille par le président américain George W. Bush, qui s’est inquiété de la baisse du dollar en soulignant que cela constituait une “mauvaise nouvelle”. Position réaffirmée jeudi par son secrétaire au Trésor Henry Paulson.

Toutefois, jusqu’ici, les Etats-Unis ne paraissent nullement désireux d’agir concrètement pour faire remonter le dollar, par exemple en organisant une action concertée des grandes banques centrales mondiales. La faiblesse du dollar dope en effet les exportations américaines à un moment où la croissance nationale ralentit.

M. Juncker a du reste indiqué, pour la première fois aussi clairement, s’attendre à une récession aux Etats-Unis. “L’économie américaine est à la veille d’une récession, dont je ne crois pas qu’elle dure trop longtemps”, a-t-il déclaré.

Elle “ne nous sera pas bénéfique mais elle n’aura pas pour conséquence de voir l’Europe entrer elle aussi dans une récession”, a-t-il assuré.

La dégradation de l’environnement économique mondial a pesé sur la première journée du sommet de l’UE, consacré notamment à relancer la stratégie dite de Lisbonne, destinée à améliorer la performance de l’économie européenne.

 13/03/2008 21:07:42 – © 2008 AFP