Euro fort : les dirigeants européens préoccupés mais impuissants

 
 
CPS.HME51.140308175508.photo00.quicklook.default-245x159.jpg
Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse à Bruxelles le 14 mars 2008 (Photo : Eric Feferberg)

[14/03/2008 17:13:24] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants européens se sont déclarés vendredi “préoccupés” par la hausse ininterrompue de l’euro, mais au-delà des mots, semblent impuissants à enrayer la flambée de leur monnaie face au dollar qui pèse sur leurs exportations.

“La volatilité excessive et les mouvements désordonnés des taux de change sont indésirables pour la croissance économique”, ont-ils souligné à l’issue d’un sommet de deux jours à Bruxelles.

“Dans les conditions actuelles, nous sommes préoccupés par les mouvements excessifs sur les marchés des changes”, ajoutent-ils dans une déclaration.

Le billet vert a perdu 18% face à l’euro en un an, et sa chute s’est accélérée récemment, avec une décote de 10% en un mois.

C’est la première fois que les dirigeants européens réunis en sommet font part d’une telle préoccupation sur l’euro, a indiqué le Premier ministre luxembourgeois et chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker. Ces prises de position sont d’ordinaire laissées aux réunions des ministres des Finances.”C’est important après les propos du président américain (George W.) Bush il y a deux jours, disant qu’il était préoccupé à propos du dollar faible, et qu’il serait en faveur d’un dollar fort”, a-t-il ajouté.

Alors que l’euro a franchi jeudi un nouveau record, au-dessus de 1,56 dollar, les Européens souhaiteraient en effet que les Etats-Unis mettent en pratique leurs promesses d’oeuvrer en faveur d’une appréciation du billet vert.

Pour le président français Nicolas Sarkozy, “il aurait été inconcevable que le conseil (des chefs d’Etat et de gouvernement européens) reste silencieux sur” l’euro fort.

La France, qui a enregistré un déficit commercial record l’an dernier, compte parmi les pays les plus inquiets de la zone euro face à l’appréciation de la monnaie unique, qui pèse sur les exportations.

Le commissaire européen aux affaires économiques, Joaquin Almunia, s’est dit lui aussi vendredi “préoccupé par l’euro fort”. “La valeur (de la monnaie unique) par rapport au dollar, au yuan et au yen a des conséquences sur nos exportations” qui sont renchéries par rapport à la concurrence étrangère, a-t-il dit dans une interview.

Au-delà de ces déclarations cependant, les Européens n’ont guère de moyens pour enrayer la flambée de leur monnaie face au dollar.

Les Etats-Unis, même s’ils répètent à l’envi qu’il souhaitent un dollar fort, ne font rien pour vraiment amorcer un rebond de leur monnaie, dont la faiblesse soutient la croissance nationale, à un moment où l’économie américaine est menacée de récession.

Une intervention concertée par exemple des grandes banques centrales dans le monde, visant à acheter massivement des dollars pour faire remonter le taux de change du billet vert, paraît hautement improbable en l’état.

Les pays qui souffrent de la glissade du dollar en sont réduits à intervenir individuellement.

Jeudi, la Banque centrale israélienne, dans une initiative rare, a acheté des dollars à hauteur de plusieurs dizaines de millions afin de tenter d’enrayer la dévaluation de la monnaie américaine vis-à-vis de sa monnaie, le shekel, qui a atteint son plus haut niveau en dix ans.

Interrogé sur l’idée d’une intervention commune, M. Juncker s’est contenté de dire que ce sujet n’avait pas été abordé lors du sommet. “J’ai une opinion sur le sujet mais vous comprendrez que je la garde pour moi”, a-t-il dit.

Sur les changes, “je ne peux qu’inciter les marchés financiers à ne pas avoir l’oeil rivé sur des informations qui concernent le court terme”, a-t-il dit.

 14/03/2008 17:13:24 – © 2008 AFP