[14/03/2008 13:14:22] NEW YORK (AFP) L’aggravation de la crise financière a piégé l’un des plus importants investisseurs mondiaux, le fonds Carlyle, dont les multiples connexions politiques n’ont pas empêché la faillite de l’un de ses fonds, avec l’humiliation supplémentaire de voir ses actifs saisis. L’un des 60 fonds gérés par Carlyle Group, Carlyle Capital Corporation (CCC), créé en 2006 pour spéculer sur les titres adossés aux crédits immobiliers américains, a annoncé sa probable faillite jeudi, plombé par 17 milliards de dettes insuffisamment garanties. Son action s’est écroulée et ne valait que quelques cents, contre 19 dollars lors de son entrée en Bourse l’été dernier. C’est une gifle pour Carlyle, un fonds ayant de plus de 20 ans existence, à la réputation sulfureuse, accentuée par sa proximité avec nombre d’hommes politiques de premier plan, dont les Bush père et fils. Depuis sa création, Carlyle a investi dans plus de 500 entreprises. Le groupe gère 81,1 milliards de dollars répartis dans 60 fonds d’investissement et son portefeuille vaut 21 milliards de dollars, investi dans des dizaines d’entreprises du monde entier. Carlyle Group s’est empressé de souligner jeudi que cette faillite de CCC “n’aura pas d’impact mesurable sur les autres fonds et investissements” du groupe et “n’entraîne aucun défaut concernant les emprunts souscrits par Carlyle Group ou un autre de ses fonds d’investissement”.
Carlyle, créé en 1987 par David Rubenstein, ne met en effet pas tous ses oeufs dans le même panier. Ses terrains de chasse vont de l’aérospatiale et la défense, à l’automobile, les transports, les biens de consommation, l’énergie, la santé, l’immobilier, les télécoms et les médias. Il possède par exemple le loueur Hertz et le cabinet d’étude Nielsen, et des dizaines d’immeubles prestigieux dans les capitales mondiales, dont le parc immobilier de la Banque de France. Il est aussi célèbre pour ses investissements que pour les nombreux leaders politiques mondiaux qu’il a recrutés, se dotant d’un réseau capable de lui ouvrir toutes les portes. Le fonds a été ainsi présidé de 1993 à 2003 par Franck Carlucci, l’ancien secrétaire américain à la Défense sous le président Ronald Reagan, jusqu’en 2003. De quoi aider Carlyle dans ses nombreux investissements dans le secteur militaire. Il a aussi recruté comme conseiller l’ex-président des Etats-Unis George Bush père quand celui-ci a terminé son mandat, et qui est resté chez Carlyle de 1998 à 2005. Carlyle a employé bien d’autres hommes politiques de premier plan, comme James Baker, l’ex-secrétaire d’Etat de Bush père, sans oublier l’ex-premier ministre britannique John Major.
A citer aussi parmi ses dirigeants Arthur Levitt, l’ancien président de la SEC, le régulateur boursier américain, et son équivalent chinois. Le groupe a aussi employé pendant trois ans l’actuel président américain George Bush, qui a siégé au conseil d’administration de l’une de ses premières acquisitions jusqu’en 1992, avant de devenir gouverneur du Texas. Cible d’intenses polémiques après le 11 septembre 2001 — il gérait entre autres l’argent de la famille Ben Laden — Carlyle s’est un peu éloigné de la politique en choisissant un nouveau président: M. Carlucci a été remplacé par l’ancien patron d’IBM Lou Gerstner en 2003. Mais ses connexions mondiales lui ont permis en 2007 par exemple d’obtenir l’aide de l’émirat d’Abou Dhabi, dont le fonds Mubadala Development a racheté 7,5% de son capital pour 1,35 milliard de dollars. |
||||||
|