Alitalia, au bord du gouffre, attend l’offre d’Air France-KLM

 
 
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Un ruban Alitalia tendu devant des comptoirs de la compagnie à l’aéroport Malpensa de Milan, le 13 mars 2008 (Photo : Giuseppe Cacace)

[14/03/2008 13:39:26] MILAN (AFP) Air France-KLM présente vendredi son offre de reprise d’Alitalia, une opération vitale pour la survie de la compagnie italienne à bout de souffle financièrement, mais qui reste suspendue à la réaction des syndicats et du prochain gouvernement italien.

La compagnie franco-néerlandaise a annoncé lundi qu’elle présenterait ce vendredi une offre sous conditions, en particulier celle d’obtenir le feu vert des syndicats à ne pas entraver le projet.

“Je n’ai aucune information de Paris, nous attendons ce soir”, a dit le chef du gouvernement italien Romano Prodi depuis Bruxelles.

De son côté, la compagnie italienne a prévenu qu’elle étudierait l’offre d’Air France-KLM samedi avant l’avis du ministère italien de l’Economie, détenteur de la participation de 49,9%, attendu en début de semaine prochaine.

La situation d’Alitalia s’est dégradée depuis l’annonce de l’ouverture de négociations exclusives entre les deux compagnies fin décembre et Air France-KLM pourrait présenter un plan de reprise plus dur que prévu à sa partenaire menacée de disparition.

Air France-KLM a déjà annoncé que son offre se ferait sous forme de titres et s’est engagée à recapitaliser Alitalia à hauteur de 750 millions d’euros et à rembourser les obligations convertibles venant à échéance en 2010.

Mais selon la presse italienne, la compagnie franco-néerlandaise ne proposerait plus que 20 à 25 centimes d’euros par action, contre 35 centimes d’euros évoqués il y a trois mois, ce qui correspond au recul du titre des deux compagnies durant cette période.

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Le président d’Alitalia Maurizio Prato, le 25 septembre 2007 au Sénat de Rome (Photo : Andreas Solaro)

Une telle révision réduirait la part future de l’Etat italien au capital d’Air France-KLM. En Bourse, le titre Alitalia chutait de 4,71% à 0,55 euro à 11H50 GMT mais restait au-dessus du prix supposé de l’offre.

Alitalia n’a cependant pratiquement aucune marge de négociation. Elle a reconnu jeudi qu’elle avait étudier la possibilité de demander au Trésor italien un prêt exceptionnel de 250 millions d’euros pour tenir jusqu’à la recapitalisation.

Sa trésorerie s’élevait à 282 millions d’euros fin janvier et la compagnie négocie la vente de terrains à l’aéroport de Rome pour obtenir une bouffée d’oxygène.

Sur le plan industriel, la compagnie craint un plan de suppressions d’emplois plus sévère que prévu. Selon la Stampa, le président d’Alitalia Maurizio Prato veut convaincre Air France-KLM de reprendre le pôle AZ Servizi (maintenance, administration) en bloc, soit 8.300 salariés. AZ Servizi est actuellement contrôlée par la holding publique Fintecna.

L’avenir de l’activité cargo d’Alitalia et l’impact du coût du carburant sur les comptes sont les autres points sensibles de la négociation avec Air France-KLM, selon la presse.

Après son examen par l’actuel gouvernement, l’offre devra recueillir l’assentiment des principaux syndicats.

“Nous ne mettons pas d’opposition de principe mais nous ne pouvons pas donner de feu vert à priori non plus. Nous porterons une attention particulière à l’emploi et aux perspectives de développement de la compagnie”, a dit le porte-parole de Fabrizio Solari, secrétaire général de la Filt-CGIL.

Air France-KLM devra aussi obtenir le feu vert de la Commission européenne, mais surtout celui du gouvernement qui sera issu des élections législatives italiennes des 13 et 14 avril, alors que le chef de centre-droite, Silvio Berlusconi, maintient le doute sur ses intentions.

 14/03/2008 13:39:26 – © 2008 AFP