[14/03/2008 19:33:48] PARIS (AFP) La Cour des comptes pointe une série de “handicaps” qui fragilisent la jeune Banque Postale, à commencer par la lourdeur du réseau de bureaux de poste et les coûts salariaux des fonctionnaires de La Poste, dans un rapport dont l’AFP a obtenu copie vendredi. La Cour estime par ailleurs que la rémunération perçue par la Banque Postale au titre du Livret A, soit une commission de 1,3% des encours, est “peu corrélée aux coûts réels de leur gestion, qui dépendent pour l’essentiel du nombre d’opérations effectuées”. Contactée par l’AFP, la Banque Postale n’a pas souhaité faire de commentaires. S’agissant du réseau, la Cour indique que “s’il répond à des préoccupations d’aménagement du territoire et de préservation du tissu économique en milieu rural, le réseau, dans sa configuration actuelle de 13.000 bureaux, constitue un handicap pour l’ensemble des activités commerciales de La Poste”. “Un réseau resserré (…) suffirait aux activités commerciales et conjointes du courrier et de la Banque Postale”, poursuit la Cour qui a procédé à un “examen comparatif des avantages et des handicaps de la Banque Postale”. “Ce rapport est une bombe”, a déclaré à l’AFP Régis Blanchot, du syndicat Sud-PTT, selon qui sa lecture “en dit long sur le sort que l’Etat et les dirigeants de La Poste réservent au service public postal”. La fédération Force Ouvrière de la Communication a fustigé quant à elle une analyse qui “conforte ceux qui veulent fragmenter l’entreprise nationale”. Parmi les handicaps qui pèsent sur la banque, créée par la loi du 20 mai 2005, la Cour relève que “le coût moyen des fonctionnaires employés par La Poste, qu’il s’agisse de cadres ou d’agents, reste, après comme avant la réforme du financement de leurs retraites, supérieur à celui des salariés de droit privé exerçant des fonctions similaires (…)”. La Cour souligne que l'”autonomie de gestion” de la Banque Postale est “fortement limitée”, comme en témoigne la facture acquittée par la filiale à sa maison mère, en rémunération des moyens techniques et humains mis à sa disposition: elle s’est élevée à 3,2 milliards d’euros en 2006, ce qui représente 78% du total de ses charges d’exploitation. “Le modèle actuel d’équilibre financier est donc fragile”, constate la Cour des comptes, qui relève que la banalisation du Livret A imposée par Bruxelles ne fera qu’aggraver la situation. “Outre le développement commercial, l’enjeu consiste en la maîtrise des charges d’exploitation, qui constitue une responsabilité partagée entre la Banque Postale et La Poste”, insiste la Cour, qui souligne que l’amélioration du coefficient d’exploitation de l’établissement bancaire s’est ralentie en 2007 pour atteindre 89,8%, un niveau qui reste très élevé par rapport à ses concurrents. En conclusion de ce rapport de 72 pages, les sages de la rue Cambon constatent certes que “le processus de création de la Banque Postale s’est déroulé conformément à la volonté du Parlement” et que le premier objectif affiché, à savoir “la clarification du statut bancaire de La Poste”, “peut être considéré comme atteint”. Ils estiment cependant que “la réforme de 2005 ne constitue qu’une étape”, la filiale bancaire étant “pénalisée de manière concurrentielle par des singularités liées à son mode de fonctionnement qui repose sur une étroite symbiose avec le groupe La Poste”. “Le débat est aujourd’hui ouvert entre la +banalisation+ de la Banque Postale et, à l’opposé, la reconnaissance d’une mission de guichet social, justifié par un impératif d’accessibilité bancaire et passant par une présente territoriale étendue”, conclut la Cour, qui renvoie aux parlementaires le soin de trancher entre ces deux options. |
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