JPMorgan sauve Bear Stearns de la faillite en l’achetant une bouchée de pain

 
 
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Le logo de Bear Stearns, le 20 décembre 2007 (Photo : Mario Tama)

[17/03/2008 09:21:18] WASHINGTON (AFP) La grande banque commerciale américaine JPMorgan Chase s’est engagée dimanche à acquérir, pour la somme dérisoire d’environ 236 millions de dollars la banque d’affaires Bear Stearns, menacée de faillite, et qu’elle avait renflouée en catastrophe deux jours plus tôt.

Cette opération, qui génèrera toutefois quelque 6 milliards de coûts associés pour JPMorgan, a été conclue à marche forcée ce week-end, sous l’impulsion de l’administration Bush et de la Réserve fédérale.

Elle avait pour ambition d’éviter qu’une crise de confiance majeure ne se propage au système financier international avant l’ouverture des marchés asiatiques. L’opération à cet égard n’a remporté qu’un succès limité, la bourse de Tokyo finissant la session du matin sur un plongeon de 4,2%.

Les conseils d’administrations des deux entreprises ont approuvé à l’unanimité la transaction, par échange d’actions, qui valorise chaque titre Bear Stearns à deux dollars, a précisé JPMorgan Chase dans un communiqué.

L’action Bear Stearns, une banque fondée il y a 85 ans, a fini la semaine à 30 dollars. Il y a un an, elle avait atteint 170 dollars, rappelle le Wall Street Journal.

L’opération valorise Bear Stearns à seulement 236 millions de dollars, alors que sa valeur boursière s’élevait encore à 3,54 milliards de dollars, vendredi.

Le montant de la transaction est d’autant plus dérisoire, qu’il tient compte du prix du siège de l’établissement new-yorkais, un immeuble de la prestigieuse Madison Avenue, évalué à 1,2 milliard de dollars, soulignait plus tôt le journal.

Par ailleurs, JPMorgan a indiqué, qu’à effet immédiat, elle “garantissait les obligations commerciales de Bear Stearns et de ses filiales et que sa direction assurait la supervision de ses opérations”.

L’opération doit être close “d’ici à la fin du deuxième trimestre 2008” et augmentera “à terme” d’un milliard de dollar par an après impôt le bénéfice de JPMorgan, a précisé l’établissement financier.

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L’entrée de la banque JPMorgan Chase, le 16 janvier 2008 à New York (Photo : chris hondros)

Elle a été d’ores et déjà été approuvée par la Réserve fédérale, qui a par ailleurs accepté de “financer jusqu’à 30 milliards de dollars d’actifs moins liquides de Bear Stearns”, c’est-à-dire ses actifs les plus longs à vendre.

JPMorgan a évalué à 33 milliards de dollars l’exposition brute de Bear Stearns sur les produits adossés aux emprunts hypothécaires.

“En plus du financement que la Réserve fédérale fournit traditionnellement par l’intermédiaire de sa fenêtre d’escompte, le Fed va apporter des financements spéciaux en rapport avec cette transaction”, a expliqué JPMorgan.

“JPMorgan se tient derrière Bear Stearns”, a commenté Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase. “Les clients de Bear Stearns et ses contreparties doivent se sentir rassurés par le fait que JPMorgan garantisse les risques de contreparties de Bears Stearns”, a-t-il martelé, cité dans le communiqué.

Bear Stearns est l’une des cinq banques d’investissement de Wall Street et une faillite de ce groupe pourrait, par un effet de domino, avoir des conséquences désastreuses pour nombre d’autres établissements.

Plus tôt dans la journée, le secrétaire américain au Trésor avait révélé que des discussions avaient lieu “ce week-end” pour trouver une solution pérenne pour l’établissement. “Je suis étroitement associé à ces conversations”, avait-il ajouté, sans fournir de précision, à la télévision.

Bear Stearn a avancé à lundi la publication de ses résultats pour le premier trimestre.

Ses chiffres tomberont la veille de ceux de Goldman Sachs et de Lehman Brothers, et deux jours avant ceux de Morgan Stanley, des banques également victimes, à des degrés divers, de l’effondrement des produits adossés aux emprunts hypothécaires à risques.

 17/03/2008 09:21:18 – © 2008 AFP