Siemens paye la débâcle de gros contrats industriels et chute en Bourse

 
 
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Le patron de Siemens Peter Loescher le 24 janvier 2008 à Munich (Photo : Oliver Lang)

[17/03/2008 13:37:49] BERLIN (AFP) Siemens n’en finit pas de payer les erreurs du passé: déjà empêtré dans un scandale de corruption, le géant allemand a annoncé lundi qu’il va perdre 900 millions d’euros à cause de la débâcle de grands projets industriels.

Le groupe a fait savoir dans un communiqué qu’il devra passer au deuxième trimestre de son exercice fiscal décalé 2007/2008 (janvier à fin mars) cette très lourde charge négative liée à la “réévaluation de gros contrats”.

En clair, le poids lourd industriel, qui fabrique aussi bien des trains que des turbines ou des ampoules électriques, peine à suivre le rythme de commandes passées ces dernières années, quand il ne subit pas la défection de certains clients.

Par conséquent, Siemens renonce à ses objectifs financiers pour l’exercice en cours, et s’abstient dans l’immédiat d’en fixer de nouveaux.

Pour l’exercice en cours, Siemens tablait au départ sur une croissance du chiffre d’affaires cette année deux fois supérieure à celle de l’économie mondiale. Et une progression du bénéfice opérationnel au moins deux fois supérieure à celle du chiffre d’affaires.

L’annonce a choqué à la Bourse de Francfort, où l’action était en chute libre: vers 12h30 GMT, elle perdait plus de 16%, bonne dernière de l’indice vedette Dax.

“Tous les signaux sont au rouge chez Siemens”, s’alarmait un courtier.

Dans le détail, Siemens a surtout eu les yeux plus gros que le ventre dans son activité de construction de centrales électriques “clé en main”, qui a accumulé les gros contrats depuis 2004 mais a du mal à suivre en raison de pénurie de main d’oeuvre et de matière première.

Dans les transports, le groupe allemand fait face à des retards dans l’attribution de gros contrats, par exemple la prolongation d’une ligne du train à sustentation magnétique Transrapid en Chine, et peine à résoudre les problèmes de son tramway Combino, qui présente de gros défauts techniques.

Autre écueil: l’annulation en Grande-Bretagne d’un contrat passé par le ministère du Travail pour la mise en place d’un nouveau système informatique.

“Il était grand temps” de donner ce coup de balai dans le carnet de commandes, a estimé lors d’une conférence téléphonique le patron de Siemens, Peter Löscher.

M. Löscher, recruté l’an dernier auprès d’un concurrent de Siemens pour faire le grand ménage dans une entreprise pétrie de traditions, qui choisissait jusque là toujours ses patrons en interne, a assuré que “la lumière était faite”.

Le passage au peigne fin du carnet de commandes n’est toutefois pas bouclé, et devrait durer jusqu’à la fin du premier trimestre, autant dire que de nouvelles mauvaises surprises ne sont pas exclues.

Cette opération vérité sur l’état des contrats du groupe vient ternir encore un peu plus l’image de Siemens, passé en quelques mois du statut de fierté de l’industrie allemande à celui de vilain petit canard.

Le principal chantier de M. Löscher est de solder enfin une affaire de corruption sans précédent, qui a mis à jour des caisses noires d’un montant d’au moins 1,3 milliard d’euros.

Ces fonds ont servi à faciliter l’obtention par Siemens de gros contrats internationaux.

En plus de cela, Siemens est accusé d’avoir corrompu un petit syndicat soi-disant indépendant, dans l’espoir d’affaiblir un peu la puissante centrale IG Metall, qui domine dans l’entreprise.

Comme si cela ne suffisait pas, le directeur financier du groupe met en garde dans une interview à paraître mercredi contre les risques liés au ralentissement économique mondial. Siemens “a intérêt à se préparer à des coups d’arrêt”, a dit Joe Kaeser au magazine Euro.

 17/03/2008 13:37:49 – © 2008 AFP