OCDE/FMI : il faut sauver le système financier à tout prix

 
 
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Le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, lors d’une conférence de presse à Paris le 17 mars 2008 (Photo : martin bureau)

[17/03/2008 19:42:41] PARIS (AFP) La crise financière va durer “longtemps” avec des “conséquences graves”, et les autorités doivent tout faire pour éviter un effondrement du système financier mondial, ont estimé lundi le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

Au lendemain du rachat en urgence de la banque d’affaires américaine Bear Stearns menacée de faillite, M. Gurria a affirmé que cette opération de sauvetage ne concernait pas “juste Bear Stearns” mais relevait de la nécessité d’éviter des “risques systémiques” et une panique des marchés.

“La priorité doit être la stabilité du système”, a-t-il insisté, lors d’une conférence sur les réformes structurelles en Europe organisée par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI).

“Ce n’est pas que l’on aime nationaliser Northern Rock ou sauver Bear Stearns, c’est qu’il faut donner le signal que les autorités sont prêtes à faire tout ce qui est nécessaire”, a-t-il ajouté.

Dimanche, la grande banque commerciale américaine JPMorgan Chase s’est engagée à acquérir Bear Stearns, menacée de faillite, pour environ 236 millions de dollars, un montant dérisoire.

En février, la Grande-Bretagne avait décidé la nationalisation, temporaire, de la banque en difficulté, Northern Rock.

Les déboires de Bear Stearns ont plombé les Bourses européennes lundi, qui ont perdu de 3 à 4%, voire plus de 5% dans le cas de la place suisse. Wall Street résistait mieux: le Dow Jones cédait 0,60% et le Nasdaq 1,98% à la mi-séance.

Par ailleurs, la Fed a baissé en urgence son taux d’escompte dimanche, et s’est aussi portée garante de 30 milliards de dollars d’actifs risqués de Bear Stearns repris par JP Morgan.

M. Strauss-Kahn a estimé que “la collectivité dans son ensemble était amenée à prendre en charge” le coût de la lutte contre une faillite du système bancaire, et qu’il ne s’agissait pas de “venir à la rescousse des actionnaires mais du système” financier lui-même.

Il a ajouté que les banques centrales “avaient jusqu’à présent bien géré la question de la liquidité” et qu’elles devraient continuer à fournir aux marchés les fonds dont ils ont besoin.

Mais il a admis que “la crise des marchés était devenue plus sérieuse et mondialisée” qu’il y a quelques semaines, et qu’elle risquait “d’empirer”, avec des conséquences sur la croissance “de plus en plus sérieuses”.

OCDE et FMI vont revoir en baisse leurs prévisions de croissance pour le monde entier, la première jeudi, le second dans quelques semaines.

Alors que le dollar est en chute libre face à l’euro, qui a atteint un nouveau record à plus de 1,59 dollar lundi, le patron du FMI a noté que “l’ensemble du système monétaire commence à se tendre avec sur le côté fort l’euro, sur le côté faible le yen et le yuan, et au milieu le dollar”.

Il n’est pas pour autant favorable à une intervention de concert des banques centrales sur le marché des changes pour faire remonter le billet vert. “La balance américaine des comptes courants, largement déficitaire” a “besoin pour se redresser” du dollar faible, a-t-il conclu.

Le niveau élevé de l’euro est un “facteur négatif” pour la croissance européenne mais il l’est moins que prévu, les exportateurs européens ayant bien résisté grâce à une “prime à la qualité”, a fait valoir Michael Deppler, directeur du FMI pour l’Europe.

Sans se prononcer sur les Etats-Unis, il a estimé que l’Europe devrait échapper à la récession. Un avis partagé par le Commissaire européen aux affaires économiques, Joaquin Almunia, qui a reconnu que l’économie américaine “entrait peut-être en récession” et a confirmé l’évidence: “le bon temps économique est terminé”.

 17/03/2008 19:42:41 – © 2008 AFP