Bush veut rassurer face au spectre d’une crise financière qui risque de s’étendre
George W. Bush entouré du président de la Fed Ben Bernanke (droite) et du secrétaire au Trésor, Henry Paulson, le 17 mars 2008 à Washington (Photo : Jim Watson)
[18/03/2008 06:19:00] WASHINGTON (AFP)
Le
président George W. Bush a reconnu lundi que les
Etats-Unis vivaient des temps économiques
“difficiles”, mais s’est empressé d’assurer que
son administration contrôlait la situation, sans
dissiper les inquiétudes que la crise ne se généralise.
“Une chose est sûre, c’est que nous connaissons des
temps difficiles, mais une autre chose est sûre, c’est
que nous avons agi de manière forte et
résolue”, a dit M. Bush au lendemain d’une
retentissante intervention de la Banque centrale pour
éviter que la crise ne s’étende à l’ensemble
du système financier international.
“Vous avez montré au pays et au monde que les
Etats-Unis maîtrisent la situation”, a-t-il dit
à l’adresse de son secrétaire au Trésor,
Henry Paulson, qui a pris une part active aux discussions
menant au rachat de la société d’investissement
Bear Stearns.
Confirmant un interventionnisme croissant face à la
crise, la Banque centrale a favorisé dimanche le rachat
de Bear Stearns, acteur majeur des transactions
financières, et elle a créé une nouvelle
facilité de crédit en faveur des grandes banques d’investissement.
Il s’agissait d’empêcher que Bear Stearns
n’entraîne d’autres protagonistes de la finance dans sa
chute et d’augmenter un accès au crédit de plus en
plus restreint pour les banques et les autres institutions,
a justifié le gouvernement.
Cependant la Bourse de New York a terminé lundi
une séance agitée sur une note contrastée, le
Dow Jones a gagné 0,18%, mais le Nasdaq a
cédé 1,60%.
Avant elle, les bourses asiatiques, puis les bourses
européennes ont chuté. La déconfiture de Bear
Spearns n’a fait qu’ajouter aux inquiétudes
suscités par les mauvaises nouvelles venues des
Etats-Unis. Le dollar a continué à décliner
devant l’euro et le yen.
M. Bush, à l’évidence rattrapé par l’urgence,
s’est fait rendre compte de la situation le matin par ses
conseillers économiques, puis l’après-midi par son
groupe de travail dédié aux marchés
financiers, avec le président de la Fed, Ben Bernanke.
Son administration, confrontée au reproche
d’encourager les comportements à risques, a
défendu l’action conjointe du gouvernement et de la
Banque centrale comme nécessaire pour “minimiser
l’impact” de la déroute de Bear Stearns.
M. Bush a laissé la porte ouverte à d’autres
actions de la part de son gouvernement qui, “si
nécessaire, agira de manière résolue pour
continuer à mettre de l’ordre dans les marchés financiers”.
En revanche, le secrétaire au Trésor a refusé
de “spéculer” sur une intervention pour
renforcer le dollar.
Il a indiqué que toute l’action du gouvernement
américain consistait à “augmenter la confiance
dans notre économie”, que l’intervention en faveur
de Bear Stearns en faisait partie, et que la valeur d’un
dollar “fort” se reflètera dans la vigueur des
fondamentaux économiques américains.
“A long terme, tout ira bien pour notre
économie”, a dit M. Bush.
Avant le week-end, il insistait sur la nécessité de
ne pas “surréagir” et refusait un
interventionnisme inconsidéré.
Il est à présent confronté aux critiques
grandissantes, tandis qu’Alan Greenspan, président de
la Fed de 1987 à 2006, prédisait peut-être la
plus grave crise financière depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’administration américaine a nié avoir manqué
à ses principes de libéralisme économique en
se prêtant au “renflouement” d’une compagnie privée.
Mais elle devait surtout se défendre contre le reproche
d’aider la finance et de moins se préoccuper des
Américains confrontés à la hausse du prix de
l’essence ou à la saisie de leur maison.
En pleine campagne présidentielle, les deux candidats
démocrates, Hillary Clinton et Barack Obama, ont
réclamé des me,ures en faveur des consommateurs.
“Il ne s’agit pas seulement de Wall Street mais de
la vie de tous les jours”, a dit Mme Clinton.