OCDE/FMI : il faut sauver le système financier à tout prix
Le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, lors d’une conférence de presse à Paris le 17 mars 2008 (Photo : martin bureau)
[18/03/2008 06:19:02] PARIS (AFP)
La crise
financière va durer “longtemps” avec des
“conséquences graves”, et les autorités
doivent tout faire pour éviter un effondrement du
système financier mondial, ont estimé lundi le
secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria,
et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn.
Au lendemain du rachat en urgence de la banque d’affaires
américaine Bear Stearns menacée de faillite, M.
Gurria a affirmé que cette opération de sauvetage
ne concernait pas “juste Bear Stearns” mais relevait
de la nécessité d’éviter des “risques
systémiques” et une panique des marchés.
“La priorité doit être la stabilité du
système”, a-t-il insisté, lors d’une
conférence sur les réformes structurelles en
Europe organisée par l’Organisation pour la
coopération et le développement économiques
(OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI).
“Ce n’est pas que l’on aime nationaliser Northern Rock ou
sauver Bear Stearns, c’est qu’il faut donner le signal que
les autorités sont prêtes à faire tout ce qui
est nécessaire”, a-t-il ajouté.
Dimanche, la grande banque commerciale américaine
JPMorgan Chase s’est engagée à acquérir Bear
Stearns, menacée de faillite, pour environ 236 millions
de dollars, un montant dérisoire.
En février, la Grande-Bretagne avait décidé la
nationalisation, temporaire, de la banque en
difficulté, Northern Rock.
Les déboires de Bear Stearns ont plombé les Bourses
européennes lundi, qui ont perdu de 3 à 4%, voire
plus de 5% dans le cas de la place suisse. Wall Street
résistait mieux: le Dow Jones cédait 0,60% et le
Nasdaq 1,98% à la mi-séance.
Par ailleurs, la Fed a baissé en urgence son taux
d’escompte dimanche, et s’est aussi portée garante de
30 milliards de dollars d’actifs risqués de Bear
Stearns repris par JP Morgan.
M. Strauss-Kahn a estimé que “la collectivité
dans son ensemble était amenée à prendre en
charge” le coût de la lutte contre une faillite du
système bancaire, et qu’il ne s’agissait pas de
“venir à la rescousse des actionnaires mais du
système” financier lui-même.
Il a ajouté que les banques centrales “avaient
jusqu’à présent bien géré la question de
la liquidité” et qu’elles devraient continuer
à fournir aux marchés les fonds dont ils ont besoin.
Mais il a admis que “la crise des marchés était
devenue plus sérieuse et mondialisée” qu’il y
a quelques semaines, et qu’elle risquait
“d’empirer”, avec des conséquences sur la
croissance “de plus en plus sérieuses”.
OCDE et FMI vont revoir en baisse leurs prévisions de
croissance pour le monde entier, la première jeudi, le
second dans quelques semaines.
Alors que le dollar est en chute libre face à l’euro,
qui a atteint un nouveau record à plus de 1,59 dollar
lundi, le patron du FMI a noté que “l’ensemble du
système monétaire commence à se tendre avec
sur le côté fort l’euro, sur le côté
faible le yen et le yuan, et au milieu le dollar”.
Il n’est pas pour autant favorable à une intervention de
concert des banques centrales sur le marché des changes
pour faire remonter le billet vert. “La balance
américaine des comptes courants, largement
déficitaire” a “besoin pour se redresser”
du dollar faible, a-t-il conclu.
Le niveau élevé de l’euro est un “facteur
négatif” pour la croissance européenne mais il
l’est moins que prévu, les exportateurs européens
ayant bien résisté grâce à une
“prime à la qualité”, a fait valoir
Michael Deppler, directeur du FMI pour l’Europe.
Sans se prononcer sur les Etats-Unis, il a estimé que
l’Europe devrait échapper à la récession. Un
avis partagé par le Commissaire européen aux
affaires économiques, Joaquin Almunia, qui a reconnu
que l’économie américaine “entrait
peut-être en récession” et a confirmé
l’évidence: “le bon temps économique est terminé”.