Banque du Japon : aggravation de la crise de succession à la tête de l’institution

 
 
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Toshiro Muto quitte le parlement après une audition le 11 mars 2008 à Tokyo

[18/03/2008 08:31:30] TOKYO (AFP)
La crise de
succession à la Banque du Japon a pris un tour encore
plus chaotique mardi avec le rejet foudroyant par
l’opposition du nouveau candidat proposé par le
gouvernement pour le poste de gouverneur, Koji Tanami, le
tout à la veille du départ du gouverneur sortant.

Le gouvernement conservateur a créé la surprise
mardi en proposant M. Tanami, 68 ans, un ancien
vice-ministre des Finances qui dirige depuis octobre 2007 la
Banque japonaise de coopération internationale (JBIC),
un organisme public qui prête de l’argent aux pays en développement.

M. Tanami ne figurait pas parmi les favoris évoqués
par les médias. Selon la loi, sa nomination doit
être approuvée par les deux chambres du parlement.

La semaine dernière, le Sénat, contrôlé
par l’opposition, avait bloqué l’investiture d’un
premier candidat, Toshiro Muto, accusé de manquer
d’indépendance à cause de son passé de
vice-ministre des Finances.

Le Parti démocrate du Japon (PDJ), principale force de
l’opposition de centre-gauche, a expliqué que les
mêmes griefs s’appliquaient à M. Tanami.

“Nous sommes déçus. En théorie, il
est impossible d’accepter M. Tanami après avoir
rejeté M. Muto”, a déclaré Kenji Yamaoka,
chef des affaires parlementaires du PDJ, cité par
l’agence Jiji.

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Le bâtiment de la Banque du Japon le 6 mars 2008 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

L’exécutif a
également proposé mardi au parlement la nomination
au poste de gouverneur adjoint de Kiyohiko Nishimura, un
professeur d’université qui siège actuellement au
comité de politique monétaire de la BoJ.

Les deux candidats étaient entendus à huis-clos
dans l’après-midi de mardi par des commissions
parlementaires à la Chambre des députés et au
Sénat, avant les votes en séance
plénière programmés pour mercredi.

“Si j’ai l’occasion d’exercer l’importante fonction de
gouverneur de la BoJ, je ferai le maximum pour mener une
politique monétaire appropriée et pour assurer
l’indépendance et la transparence”, a promis M.
Tanami lors d’un discours public préalable à cette
série d’auditions.

Le Parti libéral-démocrate (PLD), la formation de
droite au pouvoir, a critiqué le refus fulgurant de M.
Tanami par le PDJ.

“Il est déraisonnable de dire qu’il est bon ou
mauvais avant même de l’avoir rencontré ou
écouté”, a déploré Takashi Sasagawa,
un parlementaire du PLD.

Les analystes s’interrogeaient pour leur part sur le
bien-fondé du choix gouvernemental. “M. Tanami est
l’archétype du bureaucrate du ministère des
Finances. Le fait qu’un ex poids-lourd du ministère
devienne le patron d’une institution financière
gouvernementale puis gouverneur de la BoJ rappelle la
vieille époque où la BoJ n’était pas
légalement indépendante”, a commenté
Kenichi Kawasaki, économiste chez Lehman Brothers.

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Le gouverneur sortant de la Banque du Japon Toshihiko Fukui, le 15 février 2008 à Tokyo

Le gouverneur
sortant, Toshihiko Fukui, achève mercredi son mandat de
cinq ans. Si le Sénat rejette à nouveau
l’investiture du candidat gouvernemental, la Banque du Japon
se retrouvera sans gouverneur dès jeudi, une situation
sans précédent qui tombe en pleine crise
financière mondiale.

“Le fiasco de la nomination à la BoJ menace la
crédibilité internationale du Japon”, estimait
le quotidien économique Nikkei mardi dans son
édition du soir.

“Les responsables politiques japonais sont en train de
fuir leur responsabilité, qui consiste à
prêter concours, ou du moins à ne pas nuire, aux
efforts internationaux pour circonscrire la crise
financière galopante”, jugeait le journal dans un éditorial.

La crise de succession à la BoJ survient alors que
l’opposition tente par tous moyens de paralyser l’action
d’un gouvernement impopulaire et affaibli, dans l’espoir de
provoquer des élections législatives anticipées.

 18/03/2008 08:31:30 – © 2008 AFP