Chine : le Premier ministre s’inquiète des difficultés économiques en 2008
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao lors d’une conférence de presse, le 18 mars 2008 à Pékin (Photo : Frederic J. Brown)
[18/03/2008 11:05:26] PEKIN (AFP)
La Chine
pourrait connaître une année économique
difficile en raison de la difficulté à
maîtriser son inflation et de la dégradation de
l’économie américaine, a averti le Premier
ministre chinois Wen Jiabao.
“J’ai peur que cette année soit une des plus
difficiles (au plan économique) à cause des
incertitudes intérieures et extérieures qui
rendent les décisions plus difficiles”, a reconnu
mardi le chef du gouvernement lors d’une conférence de presse.
Le gouvernement doit notamment s’efforcer d’assurer un
“développement rapide et stable de
l’économie”, qui permettra notamment de créer
dix millions d’emplois, tout en contrôlant la hausse
des prix, “priorité” des autorités, pour
la maintenir sous la barre de +4,8%.
“Il sera difficile d’arriver d’atteindre cet objectif
(…) mais nous n’en avons pas changé”, a-t-il
assuré, à l’issue de la réunion annuelle du parlement.
D’autant, a rappelé le chef du gouvernement, que
l’économie chinoise est désormais étroitement
liée au monde et subit les hausses internationales des
cours des matières premières et agricoles
(céréales, pétrole).
Et si les “les fondamentaux sont sains” en Chine, le
développement économique du géant asiatique
pourrait être entravé par de possibles
“fluctuations économiques importantes” venues
de l’extérieur.
Parmi les facteurs pouvant avoir des répercussions sur
son pays, Wen a notamment cité l’expansion de la crise
des crédits hypothécaires à risque
américains (subprime), la dépréciation
continue du dollar, la hausse du prix du pétrole, avec
un baril à cent dollars.
“Je suis particulèrement inquiet pour
l’économie américaine”, a-t-il souligné.
“Ce qui me préoccupe c’est que le dollar
américain se déprécie continuellement.
Où va-t-il s’arrêter? Quelle type de politique
monétaire vont adopter les Etats-Unis? Vers où
l’économie américaine se dirige-t-elle?”,
a-t-il ajouté.
Wen Jiabao a aussitôt souligné que pour sa part
“la Chine conduisait une politique fiscale et
monétaire prudente” pour tenir compte de ses
propres problèmes: investissements excessifs,
surliquidité, et trop fort excédent commercial.
“Il dit que l’inflation est toujours la priorité
mais on sent bien une inquiétude plus profonde
qu’auparavant vis-à-vis de la situation économique
globale”, a commenté mardi Li Wei de Standard Charter.
Pour Tan Sumei, économiste de Moody’s Economy.com,
Pékin s’inquiète notamment de possibles nouvelles
baisses des taux d’intérêt aux Etats-Unis, à
l’heure où les autorités chinoises n’écartent
pas elles-mêmes des hausses de leurs propres taux pour
endiguer le crédit et la liquidité excessive.
Les deux couplés “pourraient attirer encore
davantage de fonds étrangers en Chine, tempérant
les efforts anti-inflation de Pékin”, relève
Mme Tan.
En outre même, si dans les prochains mois certains
facteurs comme “une récession américaine”
pourraient ralentir les investissements directs
étrangers en Chine, ceux-ci restent aujourd’hui
“très forts et vont vraisemblablement renforcer les
pressions inflationnistes”, écrit-elle dans une note.
La chute du dollar par ailleurs renchérit
considérablement le prix des exportations chinoises qui
pourraient s’en trouver freinées.
Le yuan s’est apprécié de près de 15% face au
dollar depuis 2005, et ce surtout au cours des derniers mois.
En taux annualisé, il s’est renforcé de 13% entre
août et début février, selon Merril Lynch.