La Banque du Japon désormais certaine de se retrouver sans gouverneur
Le candidat gouvernemental au poste de gouverneur de la Banque du Japon, Koji Tanami, le 18 mars 2008 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)
[18/03/2008 14:22:55] TOKYO (AFP)
La Banque du
Japon (BoJ) est désormais certaine de se retrouver sans
chef pour une durée indéterminée après
le rejet foudroyant par l’opposition, mardi, du nouveau
candidat proposé par le gouvernement, Koji Tanami, le
tout à la veille du départ du gouverneur sortant.
Le gouvernement conservateur de Yasuo Fukuda a créé
la surprise mardi en proposant M. Tanami, 68 ans, un ancien
vice-ministre des Finances qui dirige depuis octobre 2007 la
Banque japonaise de coopération internationale (JBIC),
un organisme public qui prête de l’argent aux pays en développement.
M. Tanami ne figurait pas parmi les favoris évoqués
par les médias. Selon la loi, sa nomination doit
être approuvée par les deux chambres du parlement.
La semaine dernière, le Sénat, contrôlé
par l’opposition, avait déjà bloqué
l’investiture d’un premier candidat, Toshiro Muto,
accusé de manquer d’indépendance à cause de
son passé de vice-ministre des Finances.
Le Parti démocrate du Japon (PDJ), principale force de
l’opposition de centre-gauche, a expliqué que les
mêmes griefs s’appliquaient à M. Tanami, qui verra
donc son investiture refusée mercredi lors du vote au Sénat.
“Nous n’avons d’autre choix que de déplorer
l’obsession du gouvernement Fukuda pour les anciens
vice-ministres des Finances”, a déclaré un
parlementaire du PDJ, Yoshito Sengoku.
Le PDJ a, en revanche, accepté le candidat proposé
par le gouvernement au poste de gouverneur adjoint, le
professeur d’université Kiyohiko Nishimura, qui
siège déjà au comité de politique
monétaire de la BoJ.
Les deux candidats ont été entendus mardi par des
commissions parlementaires à la Chambre des
députés et au Sénat, avant les votes
d’investiture prévus mercredi dans chacune des deux chambres.
“Si j’ai l’occasion d’exercer l’importante fonction de
gouverneur de la BoJ, je ferai le maximum pour mener une
politique monétaire appropriée et pour assurer
l’indépendance et la transparence”, a promis M. Tanami.
Le gouverneur sortant de la Banque du Japon Toshihiko Fukui, le 15 février 2008 à Tokyo
Mais il n’a
pas convaincu le PDJ, dont les instances dirigeantes ont
formellement rejeté sa candidature dans la soirée.
Sauf coup de théâtre de dernière minute, la
Banque du Japon est donc désormais certaine de se
retrouver sans gouverneur après l’expiration, mercredi
à minuit, du mandat de cinq ans de Toshihiko Fukui, une
situation sans précédent qui tombe en pleine crise
financière mondiale.
“Le siège va devenir vide”, a reconnu le
numéro deux du PDJ, Yukio Hatoyama.
“Mais le vrai problème est de savoir si nous devions
prendre le risque de nuire au peuple japonais en acceptant
une mauvaise nomination”, a-t-il justifié.
Le Premier ministre Fukuda a déploré ce refus.
“Je ne comprends pas le PDJ”, s’est-il plaint.
M. Hatoyama a affirmé que son parti avait proposé
au numéro deux du gouvernement, Nobutaka Machimura,
plusieurs candidats alternatifs.
“Mais M. Machimura nous a dit que le Premier ministre
Fukuda ne choisira jamais quelqu’un qui a été
proposé par le PDJ. Je trouve cela très
choquant”, a-t-il critiqué.
Les analystes s’interrogeaient sur le bien-fondé du
choix gouvernemental.
“M. Tanami est l’archétype du bureaucrate du
ministère des Finances. Le fait qu’un ex poids-lourd du
ministère devienne le patron d’une institution
financière gouvernementale puis gouverneur de la BoJ
rappelle la vieille époque où la BoJ n’était
pas légalement indépendante”, a commenté
Kenichi Kawasaki, économiste chez Lehman Brothers.
La crise de succession à la BoJ survient alors que
l’opposition tente par tous moyens de paralyser l’action
d’un gouvernement impopulaire et affaibli, dans l’espoir de
provoquer des élections législatives anticipées.