Le patron d’Air France-KLM à Rome pour convaincre les syndicats d’Alitalia
Le Pdg d’Air France-KLM lors d’une conférence de presse, le 24 mai 2007 à Paris (Photo : Eric Feferberg)
[18/03/2008 14:22:55] ROME (AFP)
Le processus
de rachat d’Alitalia par Air France-KLM aborde mardi une
étape cruciale avec une rencontre entre le patron de la
compagnie franco-néerlandaise, Jean-Cyril Spinetta, et
les syndicats italiens dont le feu vert est indispensable
pour la réussite de l’opération.
Après avoir obtenu le feu vert du gouvernement
démissionnaire de Romano Prodi lundi, M. Spinetta va
affonter à partir de 15H00 (14H00 GMT) des syndicats
très inquiets alors qu’un refus de leur part ferait
capoter le rachat de la compagnie au bord de la faillite.
Le secrétaire général de la Cisl, Rafaelle
Bonanni, a jugé le comportement du gouvernement de
Romano Prodi “absolument détestable”,
évoquant le risque de suppression de 7.000 emplois
entre l’activité de transport aérien et AZ
Servizi, qui regroupe les services de maintenance.
“Ils ont tout fait en coulisses, seuls, et au dernier
moment ils veulent se décharger de la décision sur
nos épaules”, a accusé le dirigeant syndical
lors d’une émission télévisée.
Air France-KLM exige le feu vert des syndicats avant le 31
mars pour donner suite à son offre de reprise, qui
comporte en particulier la suppression de 1.600 postes.
Elle souhaite aussi ne reprendre qu’une partie d’AZ Servizi,
laissant la majeure partie des actifs et des salariés
sous la responsabilité de la holding publique Fintecna
qui serait, selon la presse, contrainte à une lourde restructuration.
De son coté, la Cgil, principal syndicat de la
compagnie, a exigé “des marges de
négociation” sur le projet d’Air France-KLM sous
peine de mettre son veto.
“Si ce n’est pas le cas, nous en tirerons les
conséquences, parce que nous avons la capacité
d’assumer une responsabilité claire, un +oui+ ou un
+non+ avec toutes les conséquences que cela
comporte”, a dit son secrétaire général,
Guglielmo Epifani.
Même le syndicat de pilotes Anpac, favorable au principe
d’une reprise par Air France-KLM, a estimé la
proposition franco-néerlandaise “inacceptable”.
Les pilotes s’inquiètent en particulier de la fin
annoncée de l’activité cargo à compter de
2010 et estiment qu’Air France-KLM “dispose de
surcapacités dont elle veut profiter en remplissant ses
avions de marchandises italiennes”, selon un communiqué.
Parallèlement, le casse-tête Alitalia s’invite dans
la campagne électorale avec la menace de la maire de
Milan de maintenir son recours en justice pour obtenir des
dommages-intérêts compensant le retrait de la
compagnie de l’aéroport Malpensa de Milan, le poumon
économique du pays.
Le retrait de ce recours, ou la prise en charge de ses
conséquences par l’Etat italien, est l’une des
conditions mises par Air France-KLM à son offre. Le
gouvernement a officiellement demandé mardi l’abandon
de cette action.
“La législature est finie mais ceux qui battent la
campagne, surtout dans le Nord desservi par Malpensa,
espèrent de tout coeur que l’actuel président du
Conseil (Romano Prodi), bien que démissionnaire,
résoudra le tout avant le 13 avril. Ce qui est
quasi-impossible”, souligne l’éditorialiste d’Il
Sole 24 Ore, Stefano Folli.
Le chef du centre-gauche Walter Veltroni s’en tient à
des paroles prudentes sur le sujet tandis que Silvio
Berlusconi entretient l’ambiguité sur ses intentions,
ses alliés de la Ligue du Nord étant très
remontés contre l’abandon de Malpensa par Alitalia.