Goldman Sachs et Lehman secouées par la crise, mais moins que prévu
Le siège de Lehman Brothers à New York, le 18 mars 2008 (Photo : hiroko masuike)
[18/03/2008 21:23:47] NEW YORK (AFP)
Deux des plus
grandes banques d’affaires de Wall Street, Goldman Sachs et
Lehman Brothers, jusqu’ici les plus épargnées par
la crise, ont vu fondre leurs bénéfices au 1er
trimestre, mais bien moins que ne craignaient les
marchés, préparés au pire après la
déroute de Bear Stearns.
Goldman Sachs, la banque la plus rentable de la place, a vu
son bénéfice net réduit de 53%, à 1,51
milliard de dollars, soit 3,23 dollars par action, une
performance très supérieure aux 2,58 dollars
prévu par analystes.
Lehman Brothers, objet des pires rumeurs la veille, a vu son
bénéfice baisser de 57% à 489 millions de
dollars, mais, à 81 cents par action, il s’est
révélé bien meilleur que les 72 cents attendus.
Alors que les marchés étaient encore
tétanisés par l’effondrement de la banque Bear
Stearns, sauvée de la faillite ce week-end par un
rachat en catastrophe par JP Morgan, ces résultats ont
été accueillis dans la liesse.
Les actions des deux banques ont rebondi spectaculairement:
vers 15H20 GMT, l’action Goldman gagnait 13,39% à
171,24 dollars et Lehman, qui avait perdu 19% lundi sur des
craintes de panne de liquidités, reprenait 39,24%
à 44,21 dollars.
“Ces résultats sont aux dessus des attentes, mais
ils sont tous deux nettement en dessous de ceux d’il y a un
an, et des inquiétudes persistent sur la situation des
firmes de Wall Street”, a nuancé Dick Green, de Briefing.com.
Il a aussi rappelé que les actions des deux groupes ont
baissé de plus de 30% ces derniers mois, reflétant
les craintes de l’impact de la crise financière jusque
sur les banques les plus solides.
Goldman et Lehman, qui toutes deux avaient, contrairement
à leurs rivales dégagé des profits record en
2007, ont évité le pire au 1er trimestre,
compensant leurs pertes dans les activités liées
au crédit par des bénéfices dans d’autres domaines.
Chacune a vu diminuer d’un tiers son produit net bancaire:
celui de Goldman a chuté de 35% à 8,33 milliards,
et celui de Lehman de 30,5% à 3,5 milliards.
Goldman Sachs a surtout été atteinte dans son point
fort: les placements et transactions en Bourse
réalisés pour son propre compte, où ses
recettes ont baissé à 4,87 milliards contre 9,07
milliards un an plus tôt.
La banque a aussi perdu plus de 2 milliards de dollars sur
les titres adossés aux crédits immobiliers et
autres crédits à risques. C’est la première
fois que Goldman Sachs reconnaît de telles pertes dans
ce secteur.
Lehman Brothers, qui n’avait passé aucune
dépréciation l’an dernier, a elle dû ce
trimestre déprécier de 1,8 milliard et accusé
une baisse de 52% de ses recettes sur les marchés de
capitaux, surtout dans l’obligataire.
Mais chacune a compensé en partie ses déboires par
une forte hausse des ses recettes dans la gestion d’actifs
(+39% pour Lehman, +23% pour Goldman.)
Dans l’activité de banque d’investissement, Goldman,
star du domaine, a vu ses recettes baisser de 32%, reflet de
la frilosité des investisseurs qui ont stoppé
leurs montages financiers basés sur l’emprunt. Lehman a
fait de la résistance, avec des recettes en hausse de 2%.
Les deux PDG, Lloyd Blankfein de Goldman et Richard Fuld de
Lehman, ont reconnu que l’environnment était
“difficile”. Le PDG de Lehman a voulu rassurer en
indiquant détenir de “solides liquidités”
de 34 milliards, et Goldman a souligné que la crise
présentait aussi des “opportunités considérables”.
Les institutions financières sont ébranlées
depuis six mois par la crise déclenchée par la
chute drastique des prix immobiliers aux Etats-Unis et les
défauts de paiements sur les crédits
hypothécaires. Les banques mondiales ont dû
déprécier leurs portefeuilles de près de 200
milliards de dollars.
La résistance affichée par Lehman et Goldman
n’empêche pas les analystes de s’inquiéter du sort
d’autres banques bien plus exposées, comme Merrill
Lynch ou Citigroup. La Fed a averti récemment que des
banques régionales américaines risquaient de faire faillite.