Les libraires face aux défis de la numérisation et de la vente en ligne

 
 
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Un livre et un e-book nommé “Kindle”, en novembre 2007

[19/03/2008 08:27:13] PARIS (AFP)
Confrontés aux mutations
du marché du livre, les libraires doivent relever les
défis de la vente en ligne et de la numérisation,
pour préserver le réseau des librairies qui maille
encore le territoire.

“Les libraires ont-ils des raisons de s’inquiéter
?” L’intitulé du débat qui a réuni les
professionnels lundi au Salon du livre de Paris
témoigne des préoccupations et des menaces qui
pèsent sur la librairie française.

Alors, la librairie de quartier est-elle menacée ? Le
conseil du libraire pour le choix d’un bon bouquin en sursis
? Face à une concurrence démultipliée –
internet, grandes surfaces… -, les libraires
indépendants défendent leurs positions, mais ils
devront à coup sûr s’adapter.

En 2006, la vente de livres via internet a atteint en France
4% du marché. Un chiffre encore limité, en raison
notamment de l’interdiction des rabais, mais en constante
progression au cours des dernières années.

Pour les libraires, l’enjeu est essentiel. Avec environ 3.000
points de ventes, les librairies indépendantes ont
jusqu’à présent réussi à se maintenir,
grâce notamment à la loi sur le prix unique du
livre de 1981 (qui ne s’applique pas aux documents
numérisés). Mais leur équilibre financier
reste précaire, avec une rentabilité moyenne de
l’ordre de 1,4% de leur chiffre d’affaires, et la
concurrence d’internet peut déstabiliser les plus fragiles.

Pour Renny Aupetit, du Syndicat de la librairie
française (SLF), internet peut pourtant être
“une opportunité” pour les libraires, à
condition qu’ils sachent s’adapter. “Le fait que l’on
puisse chercher et feuilleter des livres en ligne chez soi,
c’est une évolution normale. Il faut s’en saisir”, dit-il.

Autre défi à relever: l’arrivée annoncée
de livres numérisés, appelés à
concurrencer le livre papier.

La “dématérialisation” est déjà
une réalité pour les ouvrages les plus
“périsables”, notamment dans l’édition
scientifique ou médicale. Et la numérisation des
manuels scolaires, qui représentent jusqu’à 30%
des revenus de certains libraires, est selon les
professionnels l’affaire de quelques années.

Quel sera alors le rôle du libraire ? “Il n’y aura
pas une seule version électronique d’un livre, il y
aura des dizaines de versions, souligne Renny Aupetit. Et
plus il y a d’offre, plus les lecteurs ont besoin
d’être accompagnés par des professionnels, des médiateurs”.

“Chaque fois qu’il y a une évolution, ça
crée des marchés supplémentaires. A nous
d’inventer notre utilité, notre rôle de
médiateur, pour y trouver une source de revenus”, dit-il.

Les libraires, dont le taux de syndicalisation est l’un des
plus forts de France, avec environ 30% d’affiliés au
seul SLF, agissent collectivement.

Sur le terrain juridique, en attaquant en 2007 le site de
vente en ligne Amazon, pour s’opposer à la
gratuité de port des livres, qui viole selon eux la loi
sur le prix unique. Début 2009, un “Portail des
libraires”, sorte de vitrine de la librairie sur le net,
devrait également voir le jour. Portail qui incitera
notamment le lecteur à passer sa commande sur le net et
à la retirer en magasin.

Les pouvoirs publics se sont engagés à soutenir les
libraires pour “préserver les librairies sur
l’ensemble du territoire et accompagner leur arrivée
sur la toile”, souligne pour sa part Geoffroy Pelletier,
de la Direction du livre au ministère de la Culture.

 19/03/2008 08:27:13 – © 2008 AFP