Grande-Bretagne : déclaration de guerre aux traders qui répandent la peur pour s’enrichir
L’entrée de la Bourse de Londres (Photo : Shaun Curry)
[20/03/2008 19:26:13] LONDRES (AFP)
Les
autorités financières britanniques ont mis le
holà cette semaine aux rumeurs de marché
infondées, d’autant plus écoutées en
période d’incertitude sur l’étendue de la crise
financière actuelle, et qui permettent à certains
de s’enrichir par la peur.
L’Autorité des Services Financiers (FSA) et la Banque
d’Angleterre (BoE) sont spontanément intervenues
mercredi pour faire cesser la chute en Bourse de la
cinquième banque du pays HBOS. Selon une rumeur, la
banque s’apprêtait à lancer un SOS à la BoE.
Cette idée a été plus ou moins
crédibilisée par la chute la semaine dernière
de la banque américaine Bear Stearns, par le statut de
premier prêteur immobilier de HBOS au Royaume-Uni, pays
où les prêts au logement sont presqu’aussi
téméraires que les fameux “subprime”
américains à l’origine de la crise actuelle, et
par le précédent en septembre de Northern Rock,
ex-fleuron de la Bourse de Londres qui vient d’être
nationalisé pour éviter sa faillite.
La plupart des banques de la City ont été depuis
août victimes de rumeurs alarmistes, notamment Barclays
et Royal Bank of Scotland qui ont la réputation d’avoir
beaucoup misé sur le “subprime” américain
mais se tirent jusqu’à présent plutôt bien de
la tempête, ou des établissements très
tournés vers les ménages comme Alliance &
Leicester ou Bradford & Bingley.
Mercredi, HBOS a perdu jusqu’à 19% sur la foi de ces
rumeurs et ce, malgré des dénégations vigoureuses.
On a vu alors, fait rarissime, le porte-parole de la BoE
téléphoner à la presse pour démentir la
chute de HBOS et la tenue d’une prétendue réunion
de crise qui aurait obligé les patrons de la banque
centrale à annuler un voyage à l’étranger.
De son côté la FSA a émis un communiqué
aussi bref que menaçant pour annoncer qu’elle
enquêtait sur “de récents mouvements
d’actions” après “une série de rumeurs
complètement infondées sur des établissements
financiers britanniques”.
“Nous ne tolérerons pas que des intervenants du
marché tirent profit des conditions actuelles en
diffusant de fausses rumeurs et en effectuant ensuite des
opérations”, a prévenu la FSA, citant
explicitement la pratique des “ventes à découvert”.
Les plus-values boursières ne se réalisent pas
seulement lors de hausse du prix de l’action. La “vente
à découvert”, pratiquée surtout par les
fonds spéculatifs, consiste au contraire à parier
sur la chute d’un cours pour faire de l’argent. Ce n’est pas
illégal tant qu’on n’alimente pas à dessein la
baisse par de fausses informations.
Selon des chiffres publiés par le cabinet Data
Explorers, 6% du capital de HBOS fait l’objet de prises de
position sur des ventes à découvert actuellement,
contre 4,5% en moyenne pour l’ensemble des 350 plus grosses
compagnies de la place londonienne. Cela monte jusqu’à
22% pour Bradford & Bingley ou 21% pour Alliance & Leicester.
HBOS a perdu 7% mercredi. Mais elle regagnait 4% jeudi.
Les patrons des banques britanniques devaient demander au
gouverneur de la BoE Mervyn King jeudi des liquidités
supplémentaires si les conditions de marché
continuaient à se dégrader.