Bear Stearns : la SEC enquête sur des transactions suspectes
Le siège de la banque Bear Stearns à New York le 17 mars 2008 (Photo : Don Emmert)
[20/03/2008 16:24:23] NEW YORK (AFP)
Le
régulateur boursier américain enquête sur la
suite d’événements ayant conduit à
l’effondrement de la banque Bear Stearns, jugeant notamment
suspecte la hausse des contrats d’options de vente pariant
sur une chute précipitée du cours, affirme jeudi
le Wall Street Journal.
La Securities and Exchange Commission (SEC), qui craint un
délit d’initié ou la propagation de fausses
rumeurs, s’intéresse à une brusque augmentation
des options de vente, constatée quelques jours avant
l’annonce du rachat de Bear Stearns par JP Morgan, selon le
WSJ citant des sources proches du dossier.
La SEC n’a pu être jointe pour confirmation.
JP Morgan a accepté dimanche de racheter Bear Stearns
pour seulement 278,5 millions de dollars, soit 2,32 dollars
par action, alors que le cours était encore de 30
dollars le vendredi.
Une option de vente permet à l’acheteur de s’assurer de
vendre un certain nombre d’actions à un prix fixé
d’avance et à une certaine date, ce qui lui permet de
parier à la fois sur une hausse ou sur une baisse du cours.
Les opérations inhabituelles sur Bear Stearns ont
commencé dès le 7 mars, et augmenté la
semaine suivante alors que se multipliaient les rumeurs sur
les problèmes de liquidités de la banque,
malgré les déclarations rassurantes du PDG de la
banque Alan Schwartz les 10 et 12 mars.
Le nombre d’options de vente a bondi la semaine dernière
de 167.439 lundi matin à 465.820 le lundi suivant,
contre 155.000 la semaine précédente, selon
l’institut de recherche Schaeffer’s Investment Research.
Jeudi dernier, juste avant que Bear Stearns ne reçoive
des financements en urgence de JP Morgan Chase et la Fed,
plus de 20.000 contrats d’options ont été
passés qui pariaient sur une chute des cours à 20
dollars dans les 9 jours, selon Schaeffer’s, un pari
surprenant puisque l’action était encore à 50
dollars le lendemain matin, vendredi 14 mars.
Les actions Bear Stearns ont ensuite plongé juqu’à
26,85 dollars, avant de terminer à 30 dollars vendredi soir.
Quelques fonds spéculatifs ont réalisé de
grosses plus-values dans cette quasi-faillite, comme
Harbinger Capital Partners, Greenlight Capital, Tremblant
Capital Group et Paulson, affirme le WSJ.
Ainsi Harbinger Capital, un fonds de 19 milliards dirigé
par Philip Falcone, un ancien de Barclays Capital,
détenait des positions courtes sur la banque depuis
l’été 2007 jusqu’à lundi dernier. Entre temps
l’action a chuté de 150 à 5 dollars.
M. Falcone, tout comme John Paulson du fonds Paulson, sont
des clients de Bear Stearns, souligne le WSJ. M. Paulson a
autrefois travaillé chez Bear.
David Einhorn, le dirigeant du fonds Greenlight, a
exprimé publiquement depuis l’automne ses
inquiétudes sur des firmes comme Lehman Brothers et
Bear, et encaissé des plus-values quand leurs actions
ont chuté, ajoute le quotidien.
D’autres comme Tremblant Capital, avaient des options de
vente sur Bear, qui ont été débouclées
vendredi et lundi. Un fonds appelé Jane Street Capital,
basé à New York, possédait le plus d’options
de vente de Bear Stearns fin 2007, ajoute le WSJ.