Le FMI veut surveiller de plus près les fonds souverains
Le directeur du FMI Dominique Strauss-Lahn (G) et le secrétaire général de l’OCDE Jose Angel Gurria, le 17 mars 2008 à Paris (Photo : Martin Bureau)
[22/03/2008 08:26:35] WASHINGTON (AFP)
Le Fonds
monétaire international (FMI) va surveiller de plus
près les fonds souverains, ces outils d’investissement
détenus par un Etat, dont la richesse, les politiques
d’achat agressives mais aussi un certain flou entourant les
objectifs suscitent des interrogations.
Des responsables du FMI ont l’intention de développer
une sorte de code de bonne conduite volontaire qui
délimiterait les contours de ce qu’il est de bon aloi
de faire et de ce qui l’est moins pour ces fonds, indique le
FMI dans un communiqué publié vendredi.
On estime que les fonds souverains gèrent aujourd’hui
des sommes évaluées entre 2.000 et 3.000 milliards
de dollars d’investissements, et qui pourraient grimper
entre 6.000 et 10.000 milliards de dollars d’ici cinq ans.
Des responsables gouvernementaux comme des commentateurs
privés ont fait part de leurs inquiétudes sur la
transparence de ces fonds, sur leur taille et leurs
stratégies d’investissement qui pourraient être
motivées politiquement.
Nombre d’Etats, comme par exemple un grand nombre de pays
pétroliers, ont souvent recours à ce type de fonds
pour investir sur le très long terme et s’assurer un
revenu plus régulier et plus pérenne que celui
tiré des matières premières.
D’autres ont recours à ces fonds pour diversifier leurs
sources de revenus.
Ces véhicules d’investissement, qui existent de longue
date pour certains, ont fait parler d’eux récemment
pour être venus au secours, à coups de milliards
de dollars, d’institutions financières américaines
qui avaient besoin d’argent frais après s’être
brûlé les doigts sur le marché des prêts
hypothécaires à risque (“subprime”).
Ainsi Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), le fonds
souverain de l’émirat d’Abou Dhabi, a-t-il investi en
novembre 7,5 milliards de dollars dans Citigroup, le plus
grand groupe bancaire américain, suivi cette année
par le GIC (Government Investment Corporation) de Singapour
avec 6,8 milliards de dollars.
Si l’argent a été très bien accueilli cette
fois, d’autres tentatives de rachat ont été
rejetées parce que jugées trop sensibles stratégiquement.
N’attendant pas d’avoir le code de bonne conduite du FMI, les
Etats-Unis ont pris les devants.
Jeudi, le secrétaire américain au Trésor Henry
Paulson a rencontré des responsables des fonds
souverains de Singapour et de l’émirat d’Abou Dhabi et
les trois parties sont tombées d’accord pour appeler
à un code de bonne conduite mutuelle.
Les principes rejoignent ceux que devrait édicter le FMI
à l’automne.
Pour les fonds, les décisions d’investissement doivent
ainsi être “fondées uniquement sur des bases
commerciales, plutôt que dans le but de faire avancer
directement ou non les ambitions politiques du gouvernement
contrôlant le fonds”, indiquait le Trésor
américain dans un communiqué.
Les fonds doivent être encouragés à “une
plus grande transparence” dans leurs objectifs
d’investissements notamment et disposer de “structures
de gouvernance forte”.
Les pays hôtes de leur côté “ne doivent
pas ériger de barrières protectionnistes”
contre les investissements étrangers, soulignait-il également.