Roumanie : deuxième jour de grève chez Dacia, syndicat et patronat prêts à discuter
Ouvriers roumains de l’usine Dacia de Pitesti (nord-ouest de Bucarest) en grève le 24 mars 2008 (Photo : Daniel Mihailescu)
[25/03/2008 22:05:28] BUCAREST (AFP)
Des
milliers de salariés de l’usine Dacia (groupe Renault)
ont poursuivi mardi la grève illimitée
entamée la veille sur le site de Pitesti (nord-ouest de
Bucarest), alors que syndicat et patronat se disent ouverts
à de nouvelles négociations.
“Nous sommes préparés pour la grève dont
l’issue dépend uniquement des responsables de
l’administration”, a déclaré Nicolae
Pavelescu, l’un des leaders syndicaux de Dacia, cité
par l’agence Mediafax.
“Nous sommes prêts à toutes discussions
réalistes”, a poursuivi M. Pavelescu qui donne
déjà rendez-vous à mercredi, première
étape de la plainte en justice déposée par la
direction pour contester la “légalité” de
la grève.
“Nous sommes ouverts au dialogue avec les leaders
syndicaux et attendons qu’ils viennent discuter”, a
déclaré pour sa part Liviu Ion, porte-parole de Dacia.
“Notre offre est connue de tout le monde, y compris des
syndicalistes”, a-t-il ajouté, rappelant que les
augmentations “réalistes” ne pourront
dépasser les 144 lei (environ 44 euros), là
où les syndicalistes réclament notamment une
revalorisation de 550 lei (environ 148 euros), accordée
en deux tranches, et une majoration des primes
accordées à Pâques et à Noël.
Une rencontre dans la matinée entre des
représentants des grévistes et du patronat n’a
produit aucune avancée, les deux parties se bornant
à “établir le programme des négociations
futures”, selon un responsable syndical, Marin Anghel.
Devant l’usine, dont l’accès est interdit aux
journalistes, des salariés exprimaient leur
mécontentement, accusant le groupe français de
n’être “qu’une société capitaliste dont
le but est de faire du profit, sans accorder la moindre
importance à ses salariés”.
“Nous ne sommes pas une colonie française!”,
clame un ouvrier gréviste en colère, tandis qu’un
autre renchérit: “Nous produisons à grand
rendement et notre travail n’est nullement
récompensé”, dit-il, en soulignant que les
employés “fabriquent une voiture toutes les 52
secondes” mais “l’argent quitte la Roumanie au
profit de la France”.
“Nous connaissons les importants bénéfices de
la société, notamment ceux de l’année
dernière et nous réclamons un juste retour par une
augmentation de notre salaire” explique un autre ouvrier
en grève.
“Je regrette l’époque d’avant 1999”, année
de la reprise de l’usine par Renault, commente un
“ancien” de chez Dacia.
Selon le quotidien Evenimentul Zilei, le syndicat justifie
ses demandes par les résultats spectaculaires
enregistrés par Dacia et notamment la hausse de 62% des
ventes les deux premiers mois de l’année, qui se
traduit par 10% des ventes du groupe Renault durant cette période.
“Ces demandes pourraient mettre en péril l’avenir
de l’usine, tout en sachant que, d’ici 2010, les usines
Renault devraient ouvrir au Maroc, en Inde et en Russie et
seront en mesure de produire la Logan”, a averti
François Fourmont, directeur général de
Dacia, dans une lettre ouverte citée par Evenimentul Zilei.
La grève, déclenchée lundi, serait suivie par
près de 80% des salariés selon le syndicat et 49%
selon la direction, sur les quelque 13.000 employés de l’usine.