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    Les métiers ont été tellement transformés par la mondialisation et 
    l’irruption de la nouvelle économie que l’image traditionnelle de l’Etat 
    pourvoyeur d’emplois est entrain de régresser au profit du concept 
    d’employabilité, c’est-à-dire de l’aptitude du diplômé à choisir son propre 
    métier, à s’adapter à un marché de l’emploi de plus en plus précaire en 
    raison de la désuétude de certaines professions et de l’émergence de 
    nouveaux besoins, de nouvelles technologies, générant, inéluctablement, une 
    approche originale en matière de débouchés, de longueur des études et de 
    contenu réel des formations universitaires. 
      
    Des filières ou des impasses ? 
      
Le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de 
    la technologie se doit de révolutionner les filières actuelles conformément 
    aux besoins de la société tunisienne et des mutations du tissu industriel, 
    appelé, plus que jamais, à remplir un rôle avant-gardiste dans l’intégration 
    des jeunes diplômés dans le marché du travail. Cela dit, d’après un document 
    conjoint du ministère de l’emploi et de l’insertion professionnelle des 
    jeunes et de la Banque mondiale, le chômage demeure un problème important 
    parmi les nouveaux diplômés universitaires, notamment chez ceux appartenant 
    aux filières du secteur tertiaire et affecte d’une manière plus particulière 
    les techniciens supérieurs dont le groupe de spécialités liées à 
    l’agriculture et à l’agroalimentaire se distingue avec des taux de chômage 
    nettement plus élevés (plus de 70% pour les techniciens supérieurs et plus 
    de 31% pour les ingénieurs). 
      
    Si les sortants des Instituts supérieurs d’études technologiques (ISET) se 
    trouvent légèrement avantagés sur le marché du travail, les diplômés issus 
    des cursus de gestion, finances ou droit connaissent un taux de chômage 
    élevé atteignant 68% pour les spécialités juridiques. D’après un expert de 
    la dite commission, à leur sortie du système universitaire, la majorité des 
    jeunes diplômés demeurent inactifs pendant plus de 15 mois, ce qui va, sans 
    doute, pousser le ministère de tutelle à revoir la lisibilité des filières. 
      
    L’urgence de l’adéquation : 
      
    « Il faut que les étudiants soient acheminés vers des filières qui 
    déboucheront sur des avenues, non vers des filières qui déboucheront sur des 
    impasses », insiste l’un des auteurs de l’enquête sur le suivi des diplômés 
    de l’enseignement supérieur. En effet, rien n’oblige à allonger inutilement 
    les études. Ou à faire obligatoirement une grande école. Il n’y a pas que 
    polytechnique dans la vie. Il faut favoriser, plus que jamais, les 
    passerelles entre cursus tout en encourageant les programmes de partenariat 
    entre écoles spécialisées et facultés à vocation généraliste. S’il importe 
    d’entamer ses études avec un objectif en tête, les meilleurs parcours sont 
    aussi les plus souples, ce qui doit pousser les décideurs universitaires à 
    promouvoir, dans les plus brefs délais, le jeu des admissions parallèles, 
    l’ancrage des filières innovantes en adéquation avec l’irrésistible 
    déploiement de l’économie immatérielle. Car les résultats de l’enquête 
    montrent l’existence de déséquilibres importants entre l’offre et la demande 
    d’un marché d’emploi, avide de cadres intermédiaires, formés dans des 
    secteurs à valeur ajoutée, vouées principalement à l’exportation. Il est 
    impératif de voir les responsables de l’enseignement supérieur coller aux 
    mutations économiques mondiales en adaptant  des programmes 
    universitaires aux besoins des nouvelles données régionales et 
    internationales puisque le diplôme, la spécialité, la mobilité estudiantine 
    demeurent, d’après les conclusions de l’enquête, les principaux facteurs qui 
    expliquent les perspectives d’insertion professionnelle.
     
      
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