L’euro fort “asphyxie” l’industrie européenne selon le patron d’EADS Louis Gallois

 
 
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Le président exécutif du groupe européen EADS Louis Gallois, le 11 mars 2008 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[27/03/2008 08:19:32] PARIS (AFP) Le cours élevé de l’euro par rapport au dollar “est en train d’asphyxier une bonne partie de l’industrie européenne en laminant ses marchés à l’exportation”, affirme le président exécutif du groupe européen EADS Louis Gallois dans un entretien au Figaro publié jeudi.

“Si cela continue, l’industrie exportatrice fuira l’Europe”, met-il en garde.

“Le dollar est pour nous un sujet majeur”, souligne-t-il. “A plus long terme, nous devons rééquilibrer nos activités entre Airbus et nos autres métiers – défense, espace, services – beaucoup moins sensibles aux évolutions du dollar”, explique-t-il.

“L’évolution du dollar et les difficultés que nous avons éprouvées sur certains programmes – A380 et l’avion de transport militaire A400M – pèsent de façon excessive à mon sens sur la façon dont le marché valorise EADS”, note M. Gallois.

Interrogé sur la prochaine vente de sept usines du groupe en Europe, M. Gallois indique que “la crise financière rend les choses plus difficiles” et que “des discussions se poursuivent dans les trois pays concernés”, l’Angleterre, l’Allemagne et la France.

“Les conditions ont totalement changé depuis décembre”, dit-il, précisant que “les acheteurs potentiels ont plus de difficultés à trouver les financements nécessaires”. “Nous leur demandons en outre de prendre leur part du risque dollar”.

Le 19 décembre, EADS et sa filiale Airbus avaient annoncé le choix des repreneurs de six de leurs sites: le français Latécoère pour les deux sites français, l’allemand MT Aerospace pour les trois sites allemands et l’anglais GKN pour le site anglais. Le nom du repreneur du septième site, également en Allemagne, n’a pas été annoncé.

Par ailleurs, concernant l’octroi d’une éventuelle “golden share” (une action préférentielle dotée d’un droit de veto, attribuée aux Etats français et allemand au sein du géant européen), M. Gallois rappelle son “intérêt” pour une telle mesure afin de “protéger EADS de prises de contrôle contraires aux intérêts de souveraineté qu’elle représente”.

“D’autres solution existent”, dit-il, soulignant que “les décisions appartiennent aux actionnaires de contrôle”, à savoir Daimler, Lagardère et l’Etat français.

Enfin, évoquant l’enquête de l’Autorité des marchés financiers (AMF) sur les délits d’initiés présumés au sein d’EADS lors de la vente massive d’actions fin 2005-début 2006 – avant l’annonce des graves difficultés du groupe européen qui avait fait plonger le titre en Bourse -, M. Gallois, nommé à la tête de EADS en juillet 2006, rappelle “le préjudice considérable causé aux personnes et à EADS par les fuites sur le prérapport (de l’AMF) en octobre dernier”.

 27/03/2008 08:19:32 – © 2008 AFP