[27/03/2008 20:48:51] PARIS (AFP) Les partenaires sociaux et le gouvernement ont entamé jeudi une nouvelle étape de la réforme des retraites par une journée de concertation “non-stop”, un front syndical se dessinant contre le passage à 41 ans de la durée de cotisation. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, et le secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique, André Santini, ont mené depuis 07H30 une succession de réunions bilatérales, destinées à recueillir les propositions des syndicats et du patronat sur le financement des retraites. Ce “rendez-vous 2008” des retraites était prévu par la loi Fillon de 2003. Il ne s’agit pas d’une négociation, mais d’une simple concertation à l’issue de laquelle le gouvernement prendra seul la décision de nouvelles mesures. Le gouvernement ne doit pas dévoiler ses intentions avant d’avoir reçu tous ses interlocuteurs. M. Bertrand a évoqué un texte législatif pour l’été, mais le Premier ministre n’exclut pas la voie “réglementaire”.
François Fillon insiste sur le passage à 41 ans de cotisations pour une retraite à taux plein, prévu dans la loi 2003. Il juge que ce point est “acté”, mais les syndicats ont rappelé jeudi qu’ils ne l’accepteraient pas, privilégiant la recherche de nouvelles sources de financement. La CFE-CGC (cadres), premier syndicat à être reçu, a jugé “illusoire” d’allonger davantage la durée de cotisation sans augmenter sensiblement l’emploi des seniors. La CFDT, qui avait soutenu la réforme de 2003, est du même avis. Son secrétaire national chargé des retraites Jean-Louis Malys a proposé “un système qui fasse qu’à partir d’un certain taux d’emploi des seniors, on déclenche un allongement de durée de cotisation”. Les 41 ans de cotisation sont “un des aspects sur lesquels nous sommes en désaccord” avec le gouvernement, a rappelé le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, jugeant avoir “eu raison de programmer une mobilisation dès samedi” sur les retraites avec la FSU et Solidaires. Quant à FO, qui n’est pas de la partie samedi, son secrétaire général Jean-Claude Mailly a “confirmé au ministre” son refus du passage à 41 ans de cotisations, affirmant néanmoins se situer “dans un processus de mobilisation”.
Côté patronat, la CGPME a défendu un rallongement à 41 ans, de même que le Medef qui le juge “non discutable ni négociable”. Il propose, en outre, contrairement à la CGPME, de repousser l’âge minimum de départ en retraite au-delà de 60 ans. Les syndicats demandent par ailleurs que soit enrayée l’érosion du niveau des pensions, due à leur indexation sur les prix et aux règles plus défavorables de calcul depuis les réformes Balladur de 1993 et Fillon de 2003. Ils ont insisté jeudi sur leurs idées pour garantir le financement du système de retraites, dont les besoins devraient approcher 25 milliards d’euros en 2020. La CGT et FO suggèrent une hausse des cotisations vieillesse et une taxation de nouveaux revenus. M. Mailly (FO) propose notamment une taxe de 3% sur les bénéfices non réinvestis et des cotisations sur l’intéressement, la participation et les stock-options. La CFDT demande un doublement, à 4% de la taxation sur les revenus du capital qui financent le Fonds de réserve des retraites. Selon un sondage CSA pour le Cercle des épargnants publié jeudi, plus de six Français sur 10 estiment que la durée de cotisation doit être allongée de 40 à 41 ans, mais ils sont aussi nombreux à souhaiter le maintien de l’âge légal à 60 ans. |
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