[28/03/2008 14:48:40] PARIS (AFP) Le déficit public et l’endettement de la France se sont nettement aggravés l’an dernier malgré les discours longtemps rassurants du gouvernement, contraint désormais de réviser à la baisse sa prévision de croissance pour 2008 sur fond de crise internationale. Le déficit public en 2007 est revu à 2,7% du produit intérieur brut (PIB), contre 2,4% initialement prévu par le gouvernement, pour un total de 50,3 milliards d’euros. En 2006, il a été ramené à 2,4% du PIB (contre 2,5% précédemment), a indiqué vendredi l’Insee. Dans le même temps, la dette publique a augmenté de 5,2% à 1.209,5 milliards d’euros fin 2007, soit 64,2% du PIB, un niveau bien supérieur au maximum de 60% autorisé par l’Union européenne. En 2006, la dette avait progressé de seulement 0,4% pour un taux de 63,6% du PIB. Selon le ministre du Budget, Eric Woerth, qui martèle son attachement à la “maîtrise des dépenses publiques” depuis son entrée en fonction, l’aggravation du déficit public est principalement liée à un “dérapage des dépenses des collectivités locales” de l’ordre de 0,2 point de PIB.
“Il y a une augmentation du rythme de dépenses des collectivités locales” qui “ne dégagent pas suffisamment d’autofinancement pour financer leurs investissements, il y a un vrai problème”, a estimé M. Woerth, qui a souvent accusé les régions, majoritairement socialistes, de laisser filer le déficit. Plusieurs économistes soulignent toutefois que ce nouveau creusement du déficit s’explique aussi par les dépenses de fonctionnement qui ont augmenté de plus de 12 milliards d’euros l’an dernier. Cette augmentation de 3,6%, “nettement plus que l’inflation”, “montre bien que la puissance publique fait moins d’efforts qu’elle ne le prétend pour améliorer sa gestion”, estime Nicolas Bouzou (Asterès). “Quant au déficit des collectivités locales (7,2 milliards d’euros), il est certes très fort mais il émane au moins en partie de transferts de dépense de l’Etat”, poursuit M. Bouzou, jugeant que “l’Etat central ne devrait pas s’exonérer de sa responsabilité dans cette dégradation”. Une dégradation qui survient malgré un reflux du déficit de la Sécurité sociale (-1,6 milliard, soit deux fois moins qu’en 2006).
Les rentrées fiscales ont également pesé sur le déficit, le taux des prélèvements obligatoires ayant diminué de 0,4 point, à 43,5% du PIB en 2007, en raison de la progression modérée des impôts (+3,1%) freinée en particulier “par la baisse de l’impôt sur le revenu payé par les ménages”, selon l’Insee. En septembre 2007, Eric Woerth avait promis que la France tiendrait son engagement européen de ramener le déficit public à 2,4% en 2007 et à 2,3% cette année. Il en est aujourd’hui réduit à prévenir que “dans un contexte économique extrêmement difficile, les finances publiques ne peuvent pas être en équilibre en 2010”. Un aveu gênant au moment où la France s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne. Sa tâche sera d’autant plus difficile que la croissance 2007 s’est contentée d’un maigre 1,9% alors que le budget avait été bâti sur une hypothèse de 2,25%. Et malgré l’optimisme affiché durant des mois face à la crise internationale, le gouvernement a finalement dû se résoudre à une révision à la baisse pour 2008, entre 1,7% et 2%. Or “l’amélioration des finances publiques reste toujours conditionnée à la croissance”, souligne Mathilde Lemoine, économiste à la banque HSBC. “Et comme il n’y a pas d’accélération de la croissance, il n’y a pas de raison qu’on observe une amélioration du déficit”, résume-t-elle. |
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