[28/03/2008 14:48:43] MILAN (AFP) L’aéroport Malpensa de Milan perdra dimanche son rang de plateforme de transit international avec la suppression de plus de deux tiers des vols de la compagnie Alitalia, en dépit des protestations des élus et des entrepreneurs du nord de l’Italie. Dès dimanche, Alitalia taillera dans le vif de son programme en réduisant la voilure à 366 vols par semaine au départ ou à destination de Malpensa, contre plus de 1.200 précédemment, pour mettre fin aux pertes qu’elle subit sur l’aéroport milanais. La compagnie italienne, qui négocie son rachat par Air France-KLM, met fin en particulier à 14 de ses 17 liaisons intercontinentales pour ne conserver que New York, Sao Paulo et Tokyo. Une partie des liaisons seront reportées sur Rome. “Alitalia n’a plus de hub (plate-forme) à Malpensa”, a reconnu Giuseppe Bonomi, président de la société SEA qui gère les trois aéroports de la région de Milan (Malpensa, Linate et Bergame), dans un entretien au quotidien Il Sole 24 ore. “Dans les trois prochaines années, la typologie du trafic va changer sur Malpensa: nous allons devenir un aéroport pour des liaisons de point à point et nous n’aurons plus de transporteur pour alimenter cette plateforme et les vols long courrier”, a-t-il ajouté. Cette diminution des vols va mettre au chômage technique 900 salariés de la SEA sur un total de 5.600 tandis qu’Alitalia va transférer 170 salariés de son activité de manutention à Rome. La SEA prévoit un manque à gagner de 70 millions d’euros par an sur ses bénéfices, comme conséquence des décisions d’Alitalia.
Malpensa pourrait en outre subir un deuxième coup dur en 2010 en raison de l’arrêt programmé par Air France-KLM de l’activité cargo d’Alitalia, basée à Malpensa et dont les pertes représentent un tiers du chiffre d’affaires. Pour Oliviero Baccelli, professeur à l’unité de recherche sur le transport et le tourisme de la prestigieuse université Bocconi de Milan, “Malpensa mettra de 3 à 4 ans pour récupérer les passagers perdus par le départ d’Alitalia”. “Les compagnies aériennes font leur programmation à moyen terme. Le rattrapage sera plus facile sur les destinations de l’Union européenne: des compagnies comme Easyjet, AirOne, Lufthansa ou Swiss ont déjà annoncé ou envisagent un renforcement de leurs dessertes à Malpensa”, estime-t-il. “En revanche, les accords bilatéraux qui réglementent les liaisons avec de nombreux pays d’autres continents seront un frein”, ajoute-t-il. Au total, Malpensa va voir “croître le nombre de passagers des compagnies à bas coûts et décroître la clientèle affaires et venant d’autres continents”, souligne M. Baccelli. Mais les difficultés de l’aéroport milanais, situé à environ 40 kilomètres du centre-ville, ne sont pas seulement imputables à Alitalia. Depuis son inauguration en 1998, il a dû affronter la concurrence inattendue de Linate, situé à environ 10 km du centre, et a souffert d’une mauvaise liaison avec le centre ville de Milan, la capitale économique du pays, et de l’échec du rapprochement tenté par Alitalia avec KLM en 2000, souligne le professeur.
Ainsi, Linate qui devait être cantonné aux liaisons Milan-Rome a continué à se développer avec la bénédiction des politiques tandis que les travaux pour relier Malpensa prenaient du retard. Le raccordement de Malpensa avec l’autoroute Turin-Milan va être inauguré dimanche, avec plusieurs années de retard tandis que la date du raccordement ferroviaire avec la gare centrale de Milan n’est toujours pas fixée. Pendant ce temps, une foule d’aéroports régionaux se sont développés grâce aux compagnies à bas coûts, détournant une partie du potentiel de Malpensa. |
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