Beaucoup de bruit pour
rien ? C’est ce que le dernier rapport de la Cour des Comptes donne à
penser, concernant la politique de développement du secteur de l’huile
d’olives. En 1998, une stratégie avait été arrêtée en vue d’améliorer la
qualité de la production et d’augmenter la valeur des exportations du
secteur, notamment en augmentant la part des huiles conditionnées. Deux
objectifs qui, d’après la Cour des Comptes, sont loin d’avoir été atteints.
Le rapport relève,
certes, au niveau de la transformation, l’augmentation du nombre d’huileries
et de la capacité globale de production journalière et l’amélioration des
techniques, grâce aux investissements réalisés. Toutefois, l’augmentation de
la capacité de production est inégalement répartie entre les gouvernorats,
ce qui n’a pas permis de réduire la période de trituration –qui
s’établissait à 180 jours en 2004, dans certains gouvernorats, contre 70
jours en 1999.
En outre, un seul
gouvernorat a adhéré au programme de mise à niveau, avec un volume
d’investissements ne dépassant pas 3% du montant prévu. De ce fait -et
«contrairement à ce qui a été programmé»-, souligne le rapport, «aucune
unité de transformation n’a été équipée d’un laboratoire physico-chimique
permettant de suivre minutieusement la qualité des huiles extraites et de
déterminer leurs composantes selon leur nature et avant leur stockage». Une
situation dont la solution nécessite, selon la Cour des Comptes, d’apporter
«davantage de soutien aux activités de transformation et de conditionnement
en général et dans les régions où le besoin se fait sentir, en particulier»,
ainsi qu’«une action de sensibilisation incitant les unités de
transformation et de conditionnement à une meilleure adhésion au Programme
de mise à niveau afin de promouvoir la production de l’huile conditionnée et
de garantir la qualité des huiles produites». Une vision que ne partage pas
le ministère de l’Industrie qui affirme que «les efforts fournis par les
différentes parties, qu’elles soient des ministères de tutelle, des
structures de soutien ou des établissements professionnels, ont donné des
résultats encourageants». Ce ministère n’en veut pour preuve que le fait
qu’«une part importante des moyens de production a été modernisée et la
qualité du produit a été améliorée et une capacité importante de
conditionnement a été créée, et ce par l’adhésion d’un nombre appréciable
d’entreprises au Programme de mise à niveau ; ce qui a contribué à la
promotion des activités réalisées au niveau des différentes étapes du
processus de production de l’huile d’olives».
Une affirmation qui
n’empêche pas le ministère de l’Industrie d’admettre que «le niveau de ces
réalisations pourrait être amélioré comparativement aux objectifs tracés»,
et de promettre d’œuvrer «au cours des prochaines étapes, à assurer une
meilleure sensibilisation des propriétaires des huileries à l’importance du
Programme de mise à niveau, à la promotion de la qualité, au changement des
habitues ancrées en matière de transport des olives d’une région à une
autre».
L’amélioration escomptée
en matière d’exportation non plus n’a pas eu lieu, constate le rapport,
puisque «malgré l’apport du secteur privé en matière de promotion des huiles
d’olives exportées quantitativement et qualitativement, les exportations
demeurent axées sur les huiles en vrac». En effet, la part des huiles
conditionnées –destinées à 80% au marché local- n’a pas dépassé 1,39% du
total des exportations.
De plus, la création
prévue d’une marque commerciale d’origine contrôlée, pour doper les
exportations d’huile d’olives, n’a pas eu lieu, précise la Cour. D’ailleurs,
souligne la même source, la demande d’inscription de la Tunisie sur la liste
des pays autorisés à exporter leurs produits biologiques sur le marché
européen n’avait pas encore abouti en 2005, deux ans après son introduction.
Ce à quoi les ministères
de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques, et de l’Industrie, de
l’Energie et des Petites et Moyennes Entreprises répondent en rappelant que
«la marque commerciale à créer ne concerne pas l’huile d’olive biologique
uniquement mais tous les produits biologiques végétaux et animaux, frais ou
transformés». Les deux départements font également remarquer que l’on
progresse sur cette voie-là, puisque le ministère de l’Agriculture et des
Ressources Hydrauliques va lancer un appel d’offres pour sélectionner un
bureau d’études qui sera appelé à «réaliser une étude spécifique sur la
création de la marque commerciale pour tous les produits biologiques».
Pour le reste, à savoir
l’inscription sur la liste des pays exportateurs de produits biologiques sur
le marché européen, les deux ministères se bornent à indiquer que «les
efforts se poursuivent» pour y faire figurer la Tunisie, et soulignent
«qu’il est difficile de faire écourter» les «procédures spécifiques» y
afférentes au plan européen.
Toutefois, les deux
ministères n’ont pas réagi à la proposition de la Cour des Comptes d’engager
une réflexion au sujet de la création d’un groupement professionnel «chargé
de l’organisation de la profession, à travers la connexion des actions des
différentes phases de production de l’huile, la création d’une banque de
données sur le secteur et, également, la participation à la promotion des
exportations, en assistant les exportateurs dans les actions publicitaires,
afin de mieux faire connaître l’huile d’olive tunisienne».
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