[30/03/2008 18:33:19] BRUXELLES (AFP) Un accord aérien historique entre l’UE et les Etats-Unis, entré en vigueur dimanche matin, permet enfin de relier sans entraves toutes les villes européennes et américaines par des vols directs transatlantiques. Depuis des décennies, pas moins de 21 accords bilatéraux, parfois très restrictifs, régissaient ces liaisons sans escale. Six pays n’avaient tout simplement pas le droit de proposer des vols transatlantiques directs depuis leur sol. Tous ces particularismes ont été balayés dimanche par l’accord “ciel ouvert”, négocié d’arrache-pied pendant quatre années entre Bruxelles et Washington. Pour le commissaire européen aux Transports Jacques Barrot, il s’agit d’une véritable “révolution dans le ciel transatlantique” qui promet “d’intensifier la concurrence et de faire baisser les prix”. Glen Hauenstein, vice-président de la compagnie américaine Delta Airlines, estime que l’accord sera “bénéfique” pour les consommateurs. “Davantage de compétition apportera un service meilleur, des tarifs plus bas, plus de destinations et de fréquences”, a-t-il promis. Le marché est de taille: les vols transatlantiques entre les deux continents représentent 60% du trafic aérien mondial avec 50 millions de passagers annuels, auxquels 25 millions de passagers supplémentaires pourraient s’ajouter dans les cinq ans.
Les analystes du secteur écartent une subite guerre des prix, mais ils prédisent une baisse des tarifs pour les voyageurs d’affaires au départ du lucratif aéroport londonien de Heathrow, où se sont déjà ruées six nouvelles compagnies. Air France y exploitera ainsi dès lundi l’accord “ciel ouvert”, avec un vol inaugural Londres-Los Angeles. Jusqu’alors, les compagnies européennes pouvaient uniquement effectuer des liaisons sans escale vers les Etats-Unis depuis leur pays d’origine: Air France était cantonnée à la France et Lufthansa à l’Allemagne. Quelques pays –l’Irlande, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Grèce et la Hongrie– devaient de surcroît s’astreindre à un nombre limité de vols, de villes ou de compagnies. Avec l’entrée en vigueur de l’accord, les voyageurs disposeront de 8% de vols directs supplémentaires d’ici à fin juin. Les Irlandais bénéficieront d’un choix supplémentaire de 10% de liaisons, avec par exemple pour la première fois des vols Dublin-Boston avec la compagnie nationale Aer Lingus. L’iniquité la plus flagrante des accords passés se nichait à l’aéroport de Heathrow, où depuis trente ans deux compagnies britanniques (British Airways et Virgin Atlantic) et deux américaines (American Airlines et United Airlines) s’adjugeaient un quasi-monopole des vols transatlantiques directs. Or ce joyau de rentabilité fréquenté par des voyageurs d’affaires, payant plein tarif, totalise un tiers des liaisons directes UE-USA.
A condition d’obtenir à prix d’or des “créneaux horaires” pour y décoller, n’importe quelle compagnie américaine ou européenne peut désormais y opérer des vols sans escale vers l’Amérique. L’aéroport va rapidement proposer 20% de vols directs supplémentaires. La compagnie américaine Continental, qui a programmé dès dimanche l’arrivée de son premier avion à Heathrow en provenance de Newark (New York), attend ce moment depuis des années: “c’est un grand jour pour nous et tous les voyageurs”, note son président Larry Kellner. Il y a un an, British Airways avait accepté à reculons de partager le gâteau de Heathrow, à condition de disposer à temps de son propre terminal. Mais le terminal 5 flambant neuf, ouvert au trafic depuis jeudi, a été miné par des pannes et des annulations de vols, une humiliation pour la compagnie au moment où son fief est pris d’assaut. |
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