En Floride, les déboires immobiliers des uns font le bonheur des autres

 
 
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Un panneau indique la saisie d’un bien immobilier, le 4 mars 2008 à Miami en Floride (Photo : Joe Raedle)

[31/03/2008 07:08:41] MIAMI (AFP) Dans son bureau de Hollywood, en Floride (sud-est), l’experte en saisies immobilières Rhona Light n’a jamais été aussi débordée depuis des années.

Il y a vingt ans, lorsqu’elle a commencé à récolter les informations sur les saisies pour les publier à l’attention d’investisseurs potentiels, il n’y avait qu’une cinquantaine de cas par semaine dans son comté de Broward, se souvient-elle.

Ces derniers temps, la moyenne hebdomadaire des saisies est passée à 1.200 dans ce comté du sud de la Floride.

“Le nombre de saisies a explosé” et “la situation ne va faire qu’empirer”, estime-t-elle, en prédisant que ces saisies pourraient atteindre un pic de 2.000 par semaine cette année.

Un phénomène local qui reflète la crise nationale des emprunts immobiliers, ou “subprime”, dont sont victimes des centaines de milliers de ménages aux Etats-Unis.

L’an dernier, près de 1,3 million de foyers américains ont perdu –ou étaient sur le point de perdre– leur logement, faute d’avoir remboursé des emprunts souvent devenus plus chers que le prix de leur logement, selon une récente étude du cabinet spécialisé RealtyTrac.

Plus de 1% des ménages américains ont été visés l’an dernier par des procédures de saisie, à des stades plus ou moins avancés, selon cette enquête.

Le nombre de logements concernés a augmenté de 79% sur un an, dont plus d’un million entrés dans cette spirale infernale depuis juillet. Le phénomène s’est accéléré en décembre, avec une hausse de 7% par rapport à novembre.

La Floride est l’un des Etats américains où s’est concentré le phénomène, après un pic de spéculation immobilière début 2006. Aujourd’hui, les prix s’y sont effrondrés et 11.000 personnes se sont déclarées en faillite en 2007.

Mais au coeur de la débâcle, certaines activités prospèrent, comme celle de Rhona Light, qui enseigne à des groupes de 20 personnes l’art d’investir dans les saisies immobilières.

Sous le soleil de Floride comme dans d’autres Etats ravagés par la crise, s’organisent des tours en bus au cours desquels les chasseurs de bonnes affaires peuvent visiter des dizaines de propriétés en une seule journée.

Autre profession en plein boom dans la région: avocat spécialisé en droit des faillites.

“Nous n’avons jamais été aussi chargés de travail” depuis six mois, assure Matthew Militzok, associé du cabinet d’avocats Militzok et Levy à Miami, qui dit enregistrer actuellement jusqu’à deux ou trois nouveaux dossiers par jour.

“Ici (en Floride), les gens ont dépensé beaucoup d’argent qu’ils n’avaient pas”, juge-t-il, en référence à une pratique spéculative un temps très populaire, consistant à acheter une propriété, la retaper, puis la revendre rapidement, sans y avoir habité, pour en tirer un profit rapide.

Aujourd’hui, nombre de ces investisseurs se retrouvent avec des biens immobiliers sur les bras qu’ils ne peuvent plus revendre.

Pour Joel Aresty, un autre avocat de Miami spécialisé dans les faillites, la crise n’est pas près de s’arrêter et devrait même se propager à d’autres secteurs.

Selon lui, le surplus d’offres immobilières en Floride conjugué au ralentissement économique vont pousser les investisseurs à geler leurs projets de construction, ce qui risque de mettre au chômage des milliers d’ouvriers du bâtiment et de fournisseurs.

“Bientôt, c’est toute la chaîne alimentaire qui va être touchée”, prédit-il.

 31/03/2008 07:08:41 – © 2008 AFP