Noyer : “nos économies ralentissent”, mais “pas de récession à l’horizon”

 
 
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Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, le 7 mars 2008 à Paris (Photo : Jean Ayissi)

[01/04/2008 08:56:52] PARIS (AFP) Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a estimé mardi que “si nos économies ralentissent, il n’y a pas de récession à l’horizon”, dans un discours prononcé à Prague et reçu à Paris.

“L’environnement économique est beaucoup plus encourageant dans la zone euro qu’aux Etats-Unis”, juge M. Noyer. “Si nos économies ralentissent, il n’y a pas de récession à l’horizon”, ajoute-t-il.

Il estime toutefois que la crise n’est “clairement pas finie” et que “les conséquences des déséquilibres financiers ne se sont pas encore toutes manifestées”.

Evoquant le contraste actuel dans les politiques monétaires de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a drastiquement baissé ses taux directeurs, et de la Banque centrale européenne (BCE), qui n’a pas modifié les siens, M. Noyer s’interroge: “Pourquoi une telle différence?”

“En regardant la situation actuelle, je pense qu’il est possible de réconcilier les deux politiques, si l’on prend en compte la nature et l’étendue de l’incertitude macroéconomique qui entoure l’économie des Etats-Unis”, ajoute-t-il.

Ainsi, “une crise financière majeure (impliquant le système bancaire) est moins probable en zone euro qu’aux Etats-Unis”, selon lui.

“Les banques européennes ne sont bien sûr pas à l’abri de pertes, en raison de leur exposition au marché américain des +subprimes+ (…) mais celle-ci est significativement moins importante que celle de leurs homologues américaines”, juge-t-il.

Par ailleurs, la crise financière devrait être “beaucoup moins perturbante en zone euro”, juge M. Noyer, pour qui “l’endettement des ménages est resté relativement faible dans cette zone”.

Selon M. Noyer, le “grand défi” des banquiers centraux en ces temps de “tension sur les marchés financiers” est de “faire passer le message que la gestion des liquidités, qui s’inscrit dans une perspective de court terme, peut être complètement dissociée de l’élaboration de la politique monétaire qui est, elle, dans une perspective de moyen terme”.

“Je suis convaincu qu’en cette période de troubles financiers, il est encore plus nécessaire de garantir la stabilité des prix”, ajoute-t-il.

“En réalité, dans une période de risques inflationnistes croissants, provenant notamment d’un excès de demande mondiale pour les matières premières et l’énergie, il est crucial que notre gestion des liquidités ne soit pas mal interprétée et qu’elle ne contribue pas non plus à une détérioration des prévisions concernant l’inflation”, estime le gouverneur de la Banque de France.

“Pour la politique monétaire, il s’agit de placer les taux d’intérêt à un niveau cohérent avec les objectifs macroéconomiques de la banque centrale, et pas davantage”, résume M. Noyer.

La gestion des liquidités revient quant à elle à permettre au marché monétaire de fonctionner “normalement”, de façon à ce que les “impulsions de la politique monétaire puissent se diffuser efficacement au reste de l’économie”, explique-t-il.

 01/04/2008 08:56:52 – © 2008 AFP