L’Allemagne, forte d’une nouvelle baisse du chômage, rêve au plein emploi

 
 
photo_1207039714087-1-1.jpg
Deux femmes entrent dans les locaux de l’Agence pour l’emploi, le 31 janvier 2008 à Berlin (Photo : John MacDougall)

[01/04/2008 10:47:21] BERLIN (AFP) L’Allemagne a connu en mars une nouvelle embellie de son marché du travail, avec un léger refroidissement qui n’empêche pas plusieurs ministres et économistes de commencer à rêver au plein emploi.

Le nombre de chômeurs a baissé de 110.000 en mars, en données brutes par rapport à février, à 3,507 millions de personnes, selon des chiffres publiés mardi. Par rapport à mars 2007, l’Allemagne compte 617.000 chômeurs de moins.

Le taux de chômage brut, qui fait référence dans le débat public, a baissé de 0,2 point à 8,4%, a annoncé l’Agence pour l’emploi dans un communiqué.

Le nombre de chômeurs en données corrigées des variations saisonnières (CSV), celles suivies par les économistes, a encore baissé, de 55.000, selon l’Agence. C’est mieux que prévu par les analystes interrogés par l’agence Thomson Financial, qui tablaient sur un recul de 40.000.

Mais ces chiffres laissent apparaître un léger coup de froid. Au cours des six derniers mois, le nombre de chômeurs en CVS avait affiché une baisse plus forte chaque mois, de 67.000 en moyenne.

L’Agence elle-même a reconnu dans son communiqué qu’une “baisse du chômage en mars est normale grâce à l’arrivée du printemps, mais le recul est cette fois un peu moins prononcé que l’année dernière.”

Le président de l’Agence Frank-Josef Weise a malgré tout estimé que “l’emploi continuait à progresser et que la demande de main d’oeuvre des entreprises restait forte.”

L’optimisme semble donc de mise pour les chômeurs allemands, à en croire par exemple le ministre conservateur de l’Economie Michael Glos.

Dans la presse dominicale, il n’a pas hésité à rêver tout haut d’un retour au plein emploi de la première économie de la zone euro en l’espace d’une décennie, faisant valoir que “1.400 emplois étaient créés chaque jour en Allemagne.”

Mardi, le ministre du Travail, le social-démocrate Olaf Scholz, s’est pour une fois trouvé sur la même longueur d’ondes que son collègue conservateur: “Oui, le plein emploi en Allemagne est possible!”, a-t-il assuré dans un communiqué.

Dans l’immédiat, l’analyste de la Postbank Heinrich Bayer juge qu’une baisse du nombre de chômeurs sous le seuil hautement symbolique des 3 millions est “bien en vue”, peut-être dès l’automne.

Cette confiance n’est pas partagée par tous, alors que l’horizon semble se couvrir pour la conjoncture internationale et que certains indicateurs allemands laissent à désirer.

Mardi par exemple, les statistiques sur les ventes de détail en février ont déçu, avec une baisse surprise de 1,6% sur un mois qui augure mal de la vigueur de la consommation des ménages, pourtant censée tirer la croissance économique cette année.

Lundi, le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung avait de son côté fait sensation en publiant une étude sur les intentions des grandes entreprises en termes d’emplois. Il était arrivé à la conclusion que les grandes sociétés ont annoncé presque deux fois plus de suppressions que de créations d’emplois au premier trimestre.

Cette étude est toutefois contestée: “Pendant que des multinationales annoncent des plans sociaux, les petites et moyennes entreprises (PME) embauchent en toute discrétion”, a ainsi dit à la Bild Zeitung l’économiste Bert Rürup, qui préside un comité de conseillers économiques du gouvernement.

Quant à la définition même de “plein emploi”, elle n’est pas sans poser problème.

Certains économistes estiment qu’il est atteint quand le chômage touche 5% de la population active, soit un taux “incompressible” qui regroupe les personnes en transition entre deux emplois. Pour d’autres, le taux doit descendre à au moins 3%…

 01/04/2008 10:47:21 – © 2008 AFP