[01/04/2008 12:31:33] FRANCFORT (AFP) Si Deutsche Bank est rattrapée par la crise financière et va passer 2,5 milliards d’euros de dépréciations d’actifs au premier trimestre, soit plus que sur l’ensemble de 2007, les déboires de l’allemande restent limités, comparés à plusieurs concurrentes. La banque de Francfort (ouest) a profité mardi de la présence de son patron, Josef Ackermann, à une conférence d’investisseurs à Londres pour annoncer cette mauvaise nouvelle. “Les conditions se sont considérablement détériorées” ces dernières semaines sur les marchés financiers, selon elle. Du coup, Deutsche Bank est obligée de passer des dépréciations pour 2,5 milliards sur des crédits et des promesses de crédit, dans l’immobilier professionnel et dans les crédits immobiliers aux particuliers aux Etats-Unis, sur le trimestre qui vient de s’achever. C’est plus qu’en 2007, où ses dépréciations étaient restées inférieures à 2,3 milliards en tout. Deutsche Bank, qui avait jusqu’ici bien tirée son épingle du jeu de la crise financière, rejoint ainsi la liste des établissements bancaires durement touchés par la tourmente financière. Mais ses pertes restent modestes au regard de certaines de ses concurrentes, comme les américaines Citigroup, Merrill Lynch ou la suisse UBS, qui a encore annoncé mardi des dépréciations abyssales et une nouvelle recapitalisation. Du coup, les investisseurs restaient sereins à la Bourse de Francfort: le titre prenait 3,31% à 74,07 euros vers 10H54 GMT, sur un indice Dax en hausse de 1,55%. Il faut dire que la banque avait pris soin de préparer le marché en annonçant la semaine dernière qu’elle avait peu de chance de remplir ses objectifs de résultats cette année. Elle visait jusqu’alors un bénéfice imposable de 8,4 milliards d’euros, après 8,7 milliards en 2007. Elle doit publier ses résultats du premier trimestre le 29 avril. “Les dépréciations chez Deutsche Bank ne sont pas vraiment une surprise”, commente Olaf Kayser, analyste chez LBBW, interrogé par l’AFP. La banque “s’en sort plutôt bien face à la crise. Elle n’a pas eu besoin d’un paquet d’aide, comme cela a été le cas d’autres banques”, relève-t-il. Soit, par exemple, les banques moyennes allemandes SachsenLB, IKB ou WestLB, dans lesquelles l’Etat fédéral allemand et les Etats régionaux ont dû injecter des sommes considérables pour les maintenir en vie. “Le montant de 2,5 milliards est toutefois supérieur à ce que nous attendions”, poursuit-il. Idem pour Konrad Becker, analyste chez Merck Finck, qui s’attendait à des dépréciations d’environ 1,4 milliard. Du coup, il n’est pas exclu que Deutsche Bank subisse une perte imposable au premier trimestre, ce qui constituerait une première pour l’établissement de Francfort depuis le début de la crise l’été dernier. Mais M. Becker estime que ceci reste “peu probable”. Même s’il tire la majeure partie de ses revenus de la banque d’affaires, sensible à l’évolution des marchés financiers, il devrait parvenir à compenser ses pertes grâce à des revenus stables dans ses autres activités, pronostique l’analyste. Deutsche Bank s’est renforcée au cours des dernières années dans la banque de détail, grâce à plusieurs acquisitions, et elle s’appuie aussi sur sa présence dans les pays en voie de développement –épargnés par la crise– pour continuer à croître. Selon l’analyste de Merck Finck, la banque devrait dégager cette année un bénéfice imposable d’environ 6,2 milliards d’euros. |
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