Une nouvelle génération de Marocains
Les frontières n’ont jamais empêché la population du Maghreb de se déplacer,
de se rendre visite et même parfois de se fixer définitivement dans le pays
hôte. Les traditions d’accueil demeurent, dans l’espace maghrébin, une
véritable constante dans la culture des peuples et vous n’entendrez jamais
parler chez les Marocains, les Tunisiens ou les Algériens d’un certain seuil
de tolérance, un jargon cher à certains…
C’est ainsi qu’une enquête dans la capitale a révélé la présence d’une
importante colonie marocaine. D’ailleurs, il s’agit maintenant d’une
communauté très organisée, bien intégrée dans le tissu social et économique
du pays, disposant désormais d’une appréciable logistique permettant à tout
nouveau venu de se mouvoir facilement dans son nouvel environnement. Comme
point de ralliement, les Marocains ont choisi le café du marché à Bâb El Jazira et un local permanent à Ben Arous pour débattre de leurs problèmes et
orienter les cousins fraîchement débarqués vers d’éventuelles filières de
travail.
Vigilance à toute épreuve
En fait, la présence des Marocains chez nous est fort ancienne et tous les
Tunisiens se rappellent de ces gardiens «Gharbi», réputés vigilants et
constamment sur le qui-vive. De toutes les manières, cette renommée demeure
vivace jusqu’à nos jours puisque des hommes d’affaires et industriels
tunisiens s’accordent pour rendre hommage à cette nouvelle génération de
Marocains. Un grand pâtissier de la place affirme que 70% de son personnel
est d’Agadir (sud du Maroc), ils travaillent, dit-il, «avec conscience,
exécutent tous les ordres à la lettre et sont constamment à ma disposition
lorsque le besoin se fait sentir».
Un industriel tunisien, réputé par ses nombreux ateliers de confection,
confesse son admiration pour la main-d’œuvre marocaine car, dit-il, «tout
risque de grève ou d’absence est pratiquement exclue tout au long de
l’année. De plus, ajoute-t-il, «je peux aisément prévoir l’enveloppe
salariale puisque j’évacue de mes calculs toute montée revendicative».
Et l’odyssée continue… !
De riches familles tunisiennes emploient des marocains pour garder leurs
résidences, il s’agit d’une tâche très délicate où le «Gharbi», de l’avis
de tout le monde, est un véritable champion faisant preuve de dignité et
s’acquittant convenablement de son travail, renforçant ainsi le crédit de
confiance dont jouit toute la communauté. Néanmoins, si certains Marocains,
originaires pour la plupart d’Agadir, de Tiznit et de Taraudent, choisissent
de s’établir en Tunisie avec leur famille, d’autres considèrent notre pays
comme une simple étape en attendant de pouvoir partir en Europe, destination
ultime de leur odyssée.
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