[02/04/2008 12:05:23] DUBAI (AFP) Les gouvernements des riches monarchies pétrolières du Golfe n’ont pas réussi à résoudre le problème du chômage parmi leurs nationaux malgré une croissance économique impressionnante grâce à des recettes pétrolières records. La plupart des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont adopté des programmes de formation de leurs ressortissants pour les intégrer dans le marché du travail, mais le secteur privé dépend toujours de la main-d’oeuvre étrangère. Confrontés à l’incapacité, faute de qualification professionnelle, ou à la réticence de leurs citoyens à travailler dans le secteur privé, les gouvernements demeurent le principal employeur des autochtones dans le CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar). L’économiste saoudien Ihsan Bu Hulaiga estime que le marché du travail régional est déformé notamment par son ouverture aux travailleurs étrangers. “On ne trouve ça nulle part”, dit-il en référence au flux migratoire dans la région où les étrangers représentent environ 40% d’une population totale de quelque 37 millions.
“C’est inadmissible”, ajoute-t-il, relevant que les autorités saoudiennes avaient délivré en 2007 quelque 1,7 million de permis de travail, un record. L’Arabie saoudite, le plus grand pays du CCG par sa superficie et sa population, compte quelque 6,5 millions d’étrangers sur environ 24 millions d’habitants. Malgré la richesse du royaume, le chômage touchait 11% de sa main-d’oeuvre nationale en 2007, selon des chiffres officiels, en baisse de 1% par rapport à 2006. Historiquement, le secteur public du CCG a employé autant d’autochtones que possible avec des conditions très favorables, dont “la sécurité de l’emploi et un horaire de travail réduit”, selon M. Bu Hulaiga. Mais comme le secteur privé est le principal pourvoyeur d’emplois, la plupart des monarchies lui ont imposé un système de quotas pour les autochtones. Estimant que ce système “contrevient à toutes les théories économiques”, M. Bu Hulaiga souligne que “la solution consiste à rendre la main-d’oeuvre nationale, non-qualifiée et onéreuse, plus attrayante pour les employeurs”. Les gouvernements doivent cependant continuer à intégrer leurs nationaux dans le secteur privé par des salaires subventionnés pour être en phase avec le secteur public, poursuit-il. Le Koweït applique cette formule depuis 2003: aux salaires payés par les firmes privées s’ajoutent diverses indemnités gouvernementales. Quelque 36.000 Koweïtiens ont ainsi rejoint le secteur privé, a indiqué le gouvernement, même si la fonction publique absorbe 79% de la main-d’oeuvre nationale, estimée à quelque 324.000 selon un récent rapport économique. Mais l’économiste koweïtien Jassem Saadoun estime que la moitié des fonctionnaires représentent “un chômage déguisé”, alors que le taux du chômage a officiellement baissé de 7,1% en 2003 à 5,3% en 2007. “C’est une bombe à retardement. Le gouvernement ne sera pas en mesure de les employer”, dit-il à propos des Koweïtiens, qui ne représentent que 3,9% des salariés du secteur privé dans un pays où les autochtones représentent moins du tiers des 3,4 millions d’habitants. Les Emirats, l’un des plus riches pays arabes où le taux de chômage devrait être le plus bas du CCG, appliquent la même politique: en 2007, 2.037 autochtones ont été employés dans le secteur privé, selon le directeur du Programme de promotion des nationaux, Azzah al-Sharhan. Au Qatar, pays riche en gaz naturel, classé au troisième rang mondial pour son revenu par tête d’habitant, les autochtones, représentant moins du tiers des 900.000 habitants, n’occuperaient que 2% des emplois dans le secteur privé, contre un taux de 20% souhaité par le gouvernement. A Bahreïn, ce taux a baissé à 4% en 2007 contre 15% en 2005 sur une main-d’oeuvre de 120.000 personnes, alors qu’à Oman 25% de la main-d’oeuvre nationale était au chômage selon les dernières statistiques officielles publiées en 2004. |
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