Alitalia : reprise des discussions sous la pression du gouvernement italien

 
 
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Des salariés d’Alitalia manifestent près du siège de la compagnie à Rome, le 31 mars 2008 (Photo : Andreas Solaro)

[02/04/2008 12:25:04] ROME (AFP) Air France-KLM et les syndicats d’Alitalia ont repris mercredi à Rome leurs négociations sous la pression du gouvernement qui a averti qu’un échec des discussions ouvrirait la voie à une faillite de la compagnie.

“Si l’offre d’Air France échoue, l’unique proposition d’achat disparaît” et le recours au placement sous administration extraordinaire impliquant une douloureuse restructuration sera inévitable, a averti le ministre de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, lors d’une audition devant les députés.

Cette mise en garde a été lancée avant la reprise des négociations entre Air France-KLM et les syndicats qui est intervenue vers 13H00 locales (11H00 GMT), selon une porte-parole d’Air France.

Le président d’Alitalia, Maurizio Prato, a fixé à ce mercredi la nouvelle date-limite pour trouver un accord.

Alitalia demande un prêt relais de 300 millions d’euros à l’Etat italien pour tenir jusqu’à la recapitalisation de 1 milliard d’euros promise par Air France-KLM en cas de rachat.

“Sans conclusion positive des négociations en cours, un prêt relais – même en ne tenant pas compte de son incompatibilité avec les règles communautaires – ne serait pas possible”, a cependant prévenu le ministre de l’Economie.

Alitalia disposait d’une trésorerie de 180 millions d’euros fin février et a retrouvé en mars 148 millions d’euros via des crédits d’impôts et des cessions.

M. Padoa-Schioppa a souligné que la compagnie italienne vivait “aujourd’hui des heures décisives” et qu’un éventuel placement sous administration extraordinaire entraînerait “une restructuration radicale”, bien plus douloureuse qu’une vente à Air France-KLM.

En cas d’échec des négociations, Alitalia serait probablement placée sous la loi Marzano, utilisée en 2004 lors du krach du groupe agroalimentaire Parmalat, a-t-il précisé.

Cette loi prévoit la nomination d’un commissaire extraordinaire chargé d’étudier une éventuelle restructuration du groupe ou la mise en faillite.

Les faillites de la suisse Swissair et de la belge Sabena “donnent une idée du sombre scénario que serait une liquidation”, a souligné le ministre.

“La cession n’est qu’un passage nécessaire avant une inévitable et malheureusement douloureuse restructuration de la société”, a-t-il ajouté.

Les déclarations du ministre ont été mal accueillies par le syndicat Filt-Cgil (gauche), majoritaire chez le personnel au sol, qui les a jugées “irresponsables”.

“Elles pourraient faire échouer les négociations mais heureusement le syndicat est plus responsable que le ministre et veut un accord”, a dit le secrétaire national de la Filt-Cgil, Mauro Rossi, cité par l’agence Ansa.

Le projet de reprise de la compagnie franco-néerlandaise prévoit 2.100 suppressions de postes. Air France-KLM propose aussi d’intégrer 4.191 des 7.400 salariés d’AZ Servizi, la branche maintenance et administration de la compagnie italienne.

La presse italienne a évoqué de nouvelles concessions de la part d’Air France-KLM, sur la réduction du nombre de licenciements (150 emplois supplémentaires sauvegardés) notamment grâce à l’entrée dans la flotte d’un nouvel avion en 2009. Air France-KLM n’a pas confirmé ces informations.

 02/04/2008 12:25:04 – © 2008 AFP