Une semaine après, British Airways patauge encore au terminal 5 d’Heathrow

 
 
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Des passagers font la queue au Terminal 5 de l’aéroport londonien d’Heathrow, le 28 mars 2008 (Photo : Shaun Curry)

[02/04/2008 14:26:15] LONDRES (AFP) Une semaine après une ouverture qui se voulait triomphale mais a viré à la cacophonie, le terminal 5 d’Heathrow ne fonctionnait toujours pas bien mercredi et British Airways a dû expédier des milliers de bagages orphelins à Milan pour hâter les retrouvailles avec leurs propriétaires.

Vanté depuis des années par son propriétaire BAA et par British Airways (BA), son unique locataire qui se délectait d’asseoir par cet emménagement sa prééminence dans le plus gros aéroport mondial pour le trafic international, inauguré par la reine Elizabeth dans la grande tradition britannique, le terminal a connu un flop à la mesure des espoirs qu’il suscitait.

Des problèmes informatiques l’ont laissé avec des milliers de bagages en souffrance et des centaines de vols annulés. Mercredi et jeudi encore, BA a dû annuler environ un vol sur dix, et son porte-parole a refusé de s’engager sur la date exacte du retour à la normale.

L’atmosphère était cependant calme dans le bâtiment de verre de 5,6 milliards d’euros, et certains passagers commençaient à s’extasier sur la majesté des lieux.

Mais BA se débattait encore avec 20.000 bagages, dont une partie a dû être expédiée à Milan.

“Il est plus rapide pour les bagages portant une adresse en Europe continentale d’aller à Milan”, a expliqué un porte-parole de BA. De là, ils devaient être rapportés à leur propriétaire par avion ou par la route.

Le patron de l’assureur-voyage Go Travel, Christian Young, a témoigné que “la patience des gens avait atteint ses limites” et que son centre d’appels était saturé de coups de fil de voyageurs cherchant à savoir comment ils seraient remboursés.

Un ministre européen des Affaires étrangères en a fait les frais, a révélé le ministre britannique David Miliband. Selon celui-ci, on a dit à son collègue que “des semaines” seraient peut-être nécessaires pour localiser ses affaires.

Selon les analystes, cette affaire coûtera directement entre 20 et 50 millions de livres (25 à 64 millions d’euros) à British Airways. Mais à cela s’ajoute le risque de dégradation de son image, au moment où quatre compagnies américaines et Air France s’installent à Heathrow dans le cadre de l’accord libéralisant les vols entre Europe et Etats-Unis.

BA voulait “redéfinir le voyage en avion” avec le terminal 5, cela arrivera peut-être “mais pas de la manière escomptée”, a ironisé le Los Angeles Times.

De son côté LCR, opérateur de la nouvelle gare Eurostar de Londres-St Pancras, a révélé un sondage selon lequel 93% des voyageurs étaient satisfaits de l’installation ouverte sans heurts en novembre.

“C’est peut-être le moment approprié de vous souvenir de notre terminal privé à Londres-Luton”, vantait pour sa part dans une campagne de presse sur pleine page la compagnie Silverjet spécialiste du voyage d’affaires Londres-New York à coût modéré.

Alors que les conservateurs ont mis en garde contre le nouveau désastre que représenterait pour l’image de Londres de nouveaux problèmes d’infrastructures pendant les Jeux olympiques de 2012, la presse britannique a rappelé que la capitale britannique est coutumière des inaugurations ratées.

Ainsi, des centaines de VIP avaient dû attendre dans le froid le 31 décembre 1999 pour entrer dans le Dôme du Millenium, tente géante de l’est de Londres qui n’a jamais tenu ses promesses commerciales. En juin suivant le pont Millenium Bridge avait été fermé au bout de trois jours (avant de rouvrir deux ans plus tard) car il tremblotait.

En 2005 enfin, une vingtaine de personnes ont dû être hospitalisées à l’ouverture d’un magasin Ikea, lors de bagarres sans merci pour arracher les meilleures affaires.

 02/04/2008 14:26:15 – © 2008 AFP