[02/04/2008 15:10:09] LONDRES (AFP) Les matières premières ont essuyé de lourdes pertes cette semaine en raison du départ en escadrille de fonds spéculatifs, qui y avaient trouvé refuge durant l’hiver et semblaient prendre leur envol vers des marchés d’action jugés moins hostiles. Les prix des matières premières se sont nettement repliés depuis la clôture du premier trimestre, le 31 mars : l’or, qui avait étincelé à 1.032 dollars l’once mi-mars, est retombé sous les 900 dollars, le pétrole a perdu quelque 10% par rapport à ses sommets historiques, le cuivre a dévissé de 5% comparé à son record du 6 mars, le marché du café a bu la tasse. La raison de cette retraite ? “On parle sur le marché d’une réallocation des fonds, qui quitteraient les matières premières pour se diriger vers les Bourses”, avancent les analystes de la banque Barclays Capital. De fait, les matières premières avaient profité d’un afflux sans précédent d’argent spéculatif au premier trimestre, un phénomène jugé partiellement et même, dans certains cas, exclusivement responsable d’une giboulée de records en mars. Alors que d’ordinaire les prix du café grimpent en fonction de mauvaises récoltes ou d’une météo inquiétante, la fève brune avait par exemple atteint des sommets (171,90 cents la livre au 29 février, un plus haut depuis onze ans sur le marché new-yorkais) du simple fait que les fonds avaient fait abondante provision d’arabica. L’attrait exercé par les matières premières auprès des investisseurs spéculatifs tenait à la fois à la glissade du billet vert face aux autres devises et à la volonté, chez les investisseurs, de trouver des placements alternatifs aux actions, très malmenées durant un hiver marqué par la crise financière. La dépréciation de la devise américaine — tombée le 17 mars à 1,5905 dollar pour un euro, un plus bas historique — encourage les achats de matières premières monnayées en dollars, devenant moins chères pour les investisseurs payant dans d’autres monnaies. Or, le paysage a un peu changé en ce début de printemps. Les marchés d’actions connaissent une embellie et le billet vert a repris quelques couleurs: depuis mardi, il est remonté vers 1,55 dollar pour un euro. D’où une migration des fonds spéculatifs, des matières premières vers les Bourses. Encourageant ces départs, les pronostics de demande sont assombris par la menace de récession qui se précise de jour en jour pour l’économie américaine, première économie mondiale et grosse consommatrice de “commodities”. La glissade pourrait donc s’accentuer au cours du trimestre. “Etant donné le besoin, pour les investisseurs, d’obtenir des liquidités et l’augmentation manifeste de leur appétit pour le risque, il semble que le complexe des métaux précieux restera exposé à d’autres délestages prochainement”, pronostiquait par exemple James Moore, du cabinet d’analyse The Bullion Desk. Avec un pétrole encore installé à plus 100 dollars – un prix qui, il y a quelques mois encore, pouvait paraître hors d’atteinte – la baisse des prix n’est cependant pour l’heure qu’une retraite, pas une déroute. Et les matières premières conservent des munitions pour résister à d’autres baisses de prix ou même repartir à l’assaut de nouveaux sommets : pour certaines, comme le cuivre, l’étain, le pétrole, le platine, ou le blé, le rapport entre offre et demande reste très serré. Ce qui fait dire à plusieurs analystes que la baisse des prix du moment n’est qu’un intervalle avant une remontée des prix d’ici quelques mois. “Selon nous, la chute des prix de l’aluminium à 2.900 dollars la tonne, et le passage du cuivre sous les 8.000 dollars sont l’occasion d’acheter” à meilleur prix, estimaient ainsi les analystes de Barclays Capital. |
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