Alitalia : rupture des négociations avec France-KLM, Rome veut encore y croire

 
 
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Les logos des compagnies aériennes Alitalia et Air France à l’aéroport de Milan, le 13 mars 2008 (Photo : Giuseppe Cacace)

[03/04/2008 17:43:46] MILAN (AFP) Le gouvernement italien de Romano Prodi va vérifier si un accord entre les syndicats d’Alitalia et Air France-KLM est encore possible, malgré la rupture des négociations intervenues mercredi, selon un communiqué officiel publié jeudi.

Le gouvernement “va vérifier (..) s’il s’agit d’un abandon définitif de l’hypothèse d’un rapprochement entre les deux sociétés ou s’il existe encore une possibilité d’accord avec les syndicats”, indique le communiqué.

Air France-KLM a abandonné les négociations mercredi après avoir considéré irrecevable la proposition des syndicats qui lui demandaient de conserver l’ensemble des activités d’Alitalia et de faire entrer une holding publique dans le capital de la compagnie italienne.

Plongée dans l’inconnu après cette rupture, dont Air France-KLM devrait en revanche sortir indemne, Alitalia risque d’entrer dans le douloureux processus d’une mise sous tutelle avec le spectre d’une lourde restructuration ou d’une faillite.

Le conseil d’administration de la compagnie, qui se réunit jeudi, doit affronter une situation très délicate: le président Maurizio Prato, partisan du rapprochement avec Air France-KLM, a démissionné, la trésorerie est au plus bas et les alternatives à la solution franco-néerlandaise très aléatoires.

La situation d’Alitalia, détenue à 49,9% par l’Etat, est en outre compliquée par la campagne électorale pour les élections législatives des 13 et 14 avril.

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Maurizio Prato, le 25 septembre 2007 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

Dès mercredi, le ministre de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa avait averti que si l’offre d’Air France-KLM échouait, la compagnie italienne devrait probablement recourir à la nomination d’un commissaire extraordinaire.

Une telle solution entraînerait “une restructuration radicale”, bien plus douloureuse qu’une vente à Air France-KLM, avait souligné le ministre.

Alitalia serait alors placée sous la loi Marzano, utilisée en 2004 lors du krach du groupe agroalimentaire Parmalat, qui permet de geler les créances de la compagnie et laisse le commissaire extraordinaire décider de restructurer la société ou de la liquider.

Les syndicats et certains dirigeants politiques voulaient cependant encore croire dans la possibilité d’une relance des pourparlers avec Air France-KLM.

La démission de M. Prato, nommé le 1er août 2007 pour trouver un acquéreur, rend cependant cette possibilité improbable: “cette compagnie est maudite, seul un exorciste peut la sauver”, a-t-il dit aux syndicats après la rupture avec la compagnie franco-néerlandaise.

Dans la matinée, le sous-secrétaire d’Etat à la présidence du conseil, Enrico Letta, le ministre de l’Economie, le ministre des Transports Alessandro Bianchi et celui du Développement économique, Pierluigi Bersani, tenaient une réunion d’urgence.

Les syndicats d’Alitalia ont, pour leur part, demandé une rencontre avec le gouvernement.

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Des salariés d’Alitalia et d’Atitech bloquent la piste de l’aéroport de Capodichino, à Naple, le 2 avril 2008 (Photo : Giulio Piscitelli)

Le leader de la Cisl, Raffaelle Bonanni, a demandé à Romano Prodi “de convaincre Jean-Cyril Spinetta (président d’Air France) et Air-France-KLM de revenir à la table des discussions et de négocier sérieusement”, dans un entretien à la Stampa.

Son homologue de l’UIL, Luigi Angeletti, qui avait abandonné dès mardi la table des négociations, a estimé que le dossier Alitalia devait être renvoyé à après les élections car la compagnie a “assez de ressources pour plusieurs mois”

A 10 jours des élections, le chef de la gauche, Walter Veltroni a aussi demandé l’intervention du gouvernement “pour rappeler à leurs responsabilités toutes les parties – syndicats et Air France – afin de trouver un accord évitant des solutions très dures pour l’emploi”.

Le leader de la droite, Silvio Berlusconi, qui défend l’idée d’une reprise par des investisseurs italiens, est resté silencieux.

De son côté, Romano Prodi, s’en est pris aux syndicats qu’il a accusés d’avoir commis “une grave erreur” dont ils devront “assumer les responsabilités”.

Air France-KLM a abandonné les négociations après une contre-proposition des syndicats qui exigeaient du repreneur qu’il conserve l’intégralité des activités de la compagnie, alors que le groupe proposait d’abandonner à terme l’activité cargo et une partie de la maintenance.

Alitalia disposait d’une trésorerie de 180 millions d’euros fin février et a retrouvé en mars 148 millions d’euros via des crédits d’impôts et des cessions.

 03/04/2008 17:43:46 – © 2008 AFP