Vietnam : une usine de Nike fermée après des affrontements et une grève

 
 
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Ouvriers d’une usine Nike de Ho Chi Minh ville, au Vietnam, le 15 février 2003

[03/04/2008 09:07:22] HANOI (AFP) L’usine de chaussures Nike touchée par une grève cette semaine au Vietnam est à l’arrêt après des affrontements survenus à la reprise du travail, a-t-on appris jeudi auprès du groupe américain et d’un responsable provincial vietnamien.

Plus de 15.000 ouvriers de l’usine taïwanaise Vietnam Ching Luh Shoes, sous contrat avec Nike dans le sud du Vietnam, étaient entrés en grève lundi pour réclamer une augmentation salariale face à une inflation galopante.

Une responsable syndicale de l’usine, Nguyen Thi Dung, avait affirmé mercredi que le travail avait repris après deux jours de grève.

Mais selon Mai Thanh Khai, inspecteur-en-chef du Département du Travail de la province de Long An où est située l’usine, des affrontements ont éclaté alors que certains ouvriers refusaient la fin du mouvement social.

La direction de l’usine a dû faire intervenir la police et fermer temporairement l’établissement, a-t-il poursuivi. Officiellement, selon lui, trois jours de congés ont été décrétés.

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Dans une banque de Hanoï, au Vietnam, le 16 juin 1998 (Photo : Hoang Dinh Nam)

Les ouvriers réclamaient une augmentation d’environ 15% de leur salaire, soit 200.000 dongs (un peu plus de 8 euros). Selon une source syndicale, la direction ne leur avait accordé que la moitié.

L’usine “restera fermée jusqu’à ce que la direction soit sûre que tous les travailleurs soutiennent l’accord négocié”, a déclaré un porte-parole de Nike, Chris Helzer. “Nous espérons que les syndicats pourront faciliter un retour au travail sans danger pour tous les employés de l’usine”.

Nike travaille avec une cinquantaine d’usines en sous-traitance au Vietnam, où, indique-t-il, environ le tiers de sa production mondiale de chaussures est réalisé. En décembre, il y avait déjà été confronté à une grève de plus de 10.000 personnes.

Mardi, son porte-parole avait reconnu “l’impact que l’inflation croissante a sur les gens au Vietnam”. Mais Nike avait souligné que l’usine touchée par la grève assurait déjà un salaire supérieur au minimum obligatoire.

Rappelant les quelque 150 grèves recensées par la confédération générale du travail du pays communiste depuis le début de l’année, le groupe américain de vêtements et de chaussures de sport avait aussi relevé que son cas n’était pas isolé.

“Il est important de reconnaître que cette situation reflète les pressions économiques dans de nombreux secteurs industriels à travers le Vietnam”, a poursuivi jeudi Chris Helzer.

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Grève de travailleurs vietnamiens d’une usine de jouets, le 30 janvier 2008 à Danang (Photo : AFP)

Les mouvements sociaux se sont multipliés ces dernières années au Vietnam, où la main d’oeuvre, réputée bon marché, réclame de plus en plus des revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail.

Depuis plusieurs mois, le phénomène est en outre entretenu par une flambée des prix à la consommation. Au premier trimestre par rapport à la même période de 2007, le pays a enregistré une inflation de plus de 16%.

La majorité des mouvements sociaux interviennent dans le sud, autour de la capitale économique Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon).

Dans un pays où les syndicats restent sous l’étroit contrôle du régime, la plupart des grèves ne durent cependant généralement qu’une poignée de jours.

 03/04/2008 09:07:22 – © 2008 AFP