[03/04/2008 19:18:57] WASHINGTON (AFP) Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a prédit un ralentissement “important” mais “pas dramatique” de l’économie mondiale en 2008, à cause de la crise financière, dans un entretien jeudi à l’AFP. “Ce qui est sûr, c’est que la situation est très sérieuse et que le ralentissement aux Etats-Unis, et par voie de fait dans le reste du monde, est un ralentissement qui va être important”, a dit l’ancien ministre français des Finances, une semaine avant l’assemblée de printemps de l’institution. “Ce n’est pas un ralentissement dramatique, mais c’est un ralentissement important”, a-t-il souligné, cinq mois après sa prise de fonction en novembre. Le FMI va abaisser mercredi de près d’un demi-point sa prévision de croissance mondiale à 3,7%, a-t-il indiqué, confirmant, sans fournir plus de précision, des informations de presse. En janvier, le FMI tablait sur une hausse de 4,1% du PIB mondial et de 1,5% du PIB américain en 2008. Mardi, une source du gouvernement allemand avait indiqué que sa prévision pour les Etats-Unis avait été revue en baisse à 0,5%. Le FMI et la Banque mondiale tiennent leurs assemblées de printemps les 12 et 13 avril, à Washington. M. Strauss-Kahn, qui présidera pour la première fois cette rencontre, a indiqué que les Etats-Unis et les pays européens sont les principales victimes de la crise financière, mais que les pays émergents auraient également à en pâtir. “J’ai une inquiétude particulière pour les pays d’Europe centrale”, a-t-il souligné sans citer aucun Etat en particulier, mais en mentionnant que les pays fragiles auxquels il pensait étaient membres de l’Union européenne. Pour soigner à la racine la crise du crédit, née sur le marché immobilier américain, le Fonds réfléchit à une solution originale, proche d’une structure de défaisance, permettant d’isoler les actifs défectueux du reste du système financier. “La manière d’en sortir, c’est effectivement de séparer les mauvais risques des bons risques”, juge M. Strauss-Kahn. Cela permettrait de ramener la confiance et de ranimer le marché interbancaire. “On a aujourd’hui des banques qui ne se prêtent plus entre elles parce qu’elles n’ont pas confiance, ce qui gèle le marché”, a-t-il rappelé. Mais l’idée, qui sera discutée la semaine prochaine sans qu’une décision ne soit nécessairement à attendre, en est à ses prémices, a-t-il. “Pour le moment, on en est aux idées (…), on n’en est pas encore à construire un dispositif”. Ce qui est certain en revanche, c’est que “c’est une question multilatérale, c’est pour ça que que le Fonds a un rôle particulier dans cette affaire”. Jouer un rôle important dans cette affaire offrirait en tout cas une visibilité bienvenue à l’institution fortement critiquée et menacée d’obsolescence, malgré la réforme dans laquelle elle est engagée. Sur ce point, M. Strauss-Kahn a qualifié de “très grand succès politique” le projet de réforme du système de droits de vote, enclenché vendredi pour accroître le poids des pays du Sud mais jugé insignifiant par nombre d’experts. “Si on ne faisait pas ce pas là, la réforme de l’institution était bloquée pour 15 ans”, a-t-il jugé près d’une semaine après avoir obtenu le feu vert du conseil d’admistration pour transférer 1,6 point de pourcentage de droits de vote des pays du Nord vers les pays du Sud. Si on se fixe comme cible “arbitraire mais pas totalement idiote”, une représentation à 50/50 du Nord et du Sud, près d’un tiers du chemin a déjà été fait, a-t-il fait valoir. En outre, tripler les droits de vote de base –mesure qui profite surtout aux pays les plus pauvres–, “c’est bien prendre en considération l’existence des peuples au-delà de leur poids économique”, a-t-il souligné. |
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