Le sort d’Alitalia suspendu à la décision du CA d’Air France-KLM

 
 
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Le ministre italien de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, le 4 avril 2008 en Slovénie (Photo : Dominique Faget)

[07/04/2008 13:51:13] MILAN (AFP) Le sort d’Alitalia est suspendu à la décision lundi du conseil d’administration d’Air France-KLM de revenir à la table des négociations, avant une réunion de son propre conseil mardi qui évaluera combien de temps la compagnie italienne peut survivre.

Le ministre italien de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, a lancé samedi un ultimatum aux syndicats d’Alitalia, les avertissant que “sans un fait nouveau” d’ici à la fin du week-end, “les risques de conséquences irréparables sont extrêmement élevés”.

“Penser jouer les prolongations au-delà des élections est impossible”, a-t-il mis en garde au cours d’une réunion des ministres de l’Economie de l’Union européenne en Slovénie. Les élections législatives italiennes ont lieu les 13 et 14 avril.

Air France-KLM a renoncé le 2 avril aux négociations sur son offre de rachat d’Alitalia, repoussant la demande des syndicats qui exigeaient qu’il conserve l’intégralité des activités de la compagnie et fasse entrer une holding publique à ses côtés dans le capital d’Alitalia.

“Le 2 avril, un fait très grave s’est produit”, a souligné le ministre, “le choc a été énorme. Il s’est agi d’une erreur d’évaluation” de la part des syndicats, selon M. Padoa-Schioppa. Depuis, “il y a eu une plus grande prise de conscience” mais pas encore suffisante car “la dynamique du calendrier n’est ni dans les mains des politiques ni des syndicats”, a souligné le ministre en rappelant que les jours de la compagnie italienne étaient comptés.

Alitalia disposait d’une trésorerie de 180 millions d’euros fin février et a retrouvé en mars 148 millions d’euros via des crédits d’impôts et des cessions d’actions.

Un peu moins alarmiste, le sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, Enrico Letta, a cependant souligné que “lundi serait un jour important”, avec la réunion du conseil d’administration d’Air France-KLM. “Cela permettra de voir s’il existe encore des marges” pour relancer la négociation, a-t-il ajouté au cours d’un séminaire international.

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Un avion d’Alitalia à l’aéroport Fiumicino de Rome, le 2 avril 2008 (Photo : Andreas Solaro)

La décision d’Air France-KLM sera cruciale pour l’avenir de la compagnie qui évaluera mardi si elle a les moyens financiers de poursuivre son activité. Les syndicats d’Alitalia, accusés d’irresponsabilité par une partie de la classe politique et des médias, se sont dits à nouveau prêts à discuter avec Air France-KLM tout en refusant tout ultimatum.

Deux des neuf syndicats, Anpav et Avia, ont franchi cependant dimanche un pas supplémentaire affirmant être disposés à faire “marche arrière” pour parvenir à un accord avec Air France-KLM. Le secrétaire général de la Cgil (gauche), Guglielmo Epifani, principale organisation syndicale au sein d’Alitalia, a jugé plus prudemment “qu’il n’était pas impossible que la rupture avec Air France puisse être suivie d’une réouverture des discussions”, dans un entretien à la Stampa.

De son côté, le secrétaire général de la Cisl, Raffaele Bonanni, a indiqué qu’il “ne s’opposerait pas à un éventuel accord”, mais qu’il exigerait d’en connaître la teneur. “On ne peut exiger l’aval des syndicats et en même temps poser un ultimatum en disant: ou vous signez ou vous êtes responsables de la faillite”, a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien Il Messaggero dimanche.

La campagne pour les élections législatives complique les négociations alors que le chef de l’opposition Silvio Berlusconi a affirmé qu’il refuserait l’offre d’Air France-KLM s’il revient au pouvoir, évoquant l’hypothèse d’une contre-offre d’investisseurs italiens.

 07/04/2008 13:51:13 – © 2008 AFP