Hassan Zargouni : ‘’ La globalisation des marchés de capitaux pourrait bouleverser les équilibres traditionnels entre entreprises, auditeurs, investisseurs et autorités monétaires’’.
A
l’occasion de la tenue du colloque organisé à Hammamet, les 11 et 12
courant, par l’Association des Tunisiens des Grandes écoles, portant sur un
thème on ne peut plus d’actualité, ‘’la Gouvernance financière’’, nous avons
rencontré M. Hassan Zargouni, président de cette association. Il nous
explique le pourquoi du choix de ce thème, les enjeux et surtout qu’est-ce
qui est visé par un tel débat.
Webmanagercenter : Après le succès des journées de réflexion sur la
transmission de l’entreprise familiale organisée avec le CJD où vous
incitiez les groupes tunisiens à recourir au marché financier, la finance
inspire de plus en plus votre association. Qu’en est-il pour votre événement
des 11 et 12 avril à Hammamet ?
Hassan
Zargouni : L’argent est le nerf de la guerre. Les ingénieurs issus des
grandes écoles françaises s’orientent depuis une quinzaine d’années,
massivement, vers les métiers de la banque et des finances en plus des TIC.
Il faut remarquer que la Tunisie a changé de modèle économique, la place des
services à forte valeur ajoutée dans l’économie nationale ne cesse de
progresser ; c’est tout naturellement que nos thèmes portant sur les
questions financières prennent aussi de la place.
Je rappelle tout de même que l’ATUGE (Association des
Tunisiens des Grandes écoles) a débattu sur des thèmes aussi variés que le
réchauffement climatique et ses corollaires économiques avec nos amis de l’ADENIT,
les risques en assurances avec Elyès Jouini, ou encore les élections
présidentiels américaines, récemment avec l’ambassadeur US.
Anticiper sur les phénomènes économiques et sociétaux pour
mieux les appréhender est notre crédo. C’est du pur raisonnement
d’ingénieur, me diriez-vous, mais on ne se renie pas.
Pour l’événement de vendredi et samedi prochain, il est à
rappeler qu’une des recommandations majeures de la table ronde organisée
lors du forum ATUGE 2005 portant sur la dynamisation du marché financier
était l’assouplissement des conditions d’investissement des étrangers en
portefeuille. La place de Tunis attire actuellement de plus en plus
d’investisseurs étrangers, l’ouverture imposée par la globalisation des
marchés de capitaux pourrait bouleverser les équilibres traditionnels entre
entreprises, auditeurs, investisseurs et autorités monétaires. C’était le
sens du thème de la précédente édition des Journées d’économie financière
organisées en 2006 à Mahdia en partenariat avec l’unité de recherche en
économie appliquée et simulation où les débats et conclusions des
professionnels et universitaires présents portaient sur le fait qu’une
grande partie de l’activité des marchés de capitaux repose sur la fiabilité
des données financières, donc du financement de l’économie, la question de
la Crédibilité financière devient alors centrale. Cette année, l’actualité
financière locale et mondiale récente a imposé le thème générique des
Journées atugéennes. Il s’agit de : la Gouvernance financière. Ce thème sera
traité au plan de l’entreprise, de la banque et des institutions
financières, du marché financier et de la Banque Centrale dont le Gouverneur
nous fait honneur par sa présence parmi nous et mettant la manifestation
sous son patronage.
Une idée
sur le programme des 2 journées…
Deux cibles sont visées par ces Journées :
D’abord, le monde de la banque-finance au sens large ainsi que les
entreprises dont celles notamment intéressées par la Bourse. Ceux-ci
pourront débattre avec l’un des plus grands spécialistes mondiaux de la
question, M. Michel Aglietta, expert en économie monétaire internationale,
professeur de Sciences économiques à l’Université de Paris-X Nanterre,
Conseiller scientifique au CEPII, diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’ENSAE.
M. Aglietta donnera en effet le vendredi matin
une conférence en séance plénière dont le thème est «Investisseurs de long
terme et gouvernance». Je recommanderai particulièrement à ces mêmes
décideurs professionnels la table ronde intitulée «Gouvernance et
Performance, bonnes pratiques et outils», qui aura lieu le samedi 12 avril à
l’Abou Nawas Hammamet à 11 heures et où seront réunis le président de la
Bourse de Tunis, le président de l’Association des Intermédiaires en Bourse,
un représentant du plus grand groupe privé tunisien qui se prépare à entrer
en Bourse, un représentant d’une des plus grandes banques de la place (la
BNA est parrain de l’événement) et enfin des experts en gouvernances
financières de l’Institut français et tunisien des Administrateurs,
récemment créés.
A cette table ronde seront associées plusieurs
personnalités du monde économique : des experts-comptables, des organismes
de rating, des banquiers et des entrepreneurs ainsi que des professeurs
universitaires et étudiants, un des intérêts de ces journées étant de
permettre des échanges entre universitaires, chercheurs et les
professionnels.
L’autre cible est constituée des chercheurs,
enseignants et autres étudiants en sciences économiques et de gestion
concernés par des communications académiques, prospectives et de benchmark
international portant sur la question de la gouvernance financière sur le
plan de l’entreprise et au niveau mondial. La crise récente du subprime
américain confirme si besoin est la dimension systémique de l’instabilité
financière au niveau mondial.
Concrètement, quelles sont les questions que vous allez aborder lors de ces
2 journées ?
Au niveau de l’entreprise, nos travaux visent à
répondre aux interrogations suivantes : Quel est l’impact des fonds
d’investissement étrangers sur la gestion interne et quotidienne des
entreprises ? Comment les entreprises se sont-elles adaptées aux exigences
de transparence et de rentabilité régissant le comportement des
investisseurs sur les marchés financiers ? Dans un tel contexte, les pays
émergents risquent-ils de subir des exigences réglementaires déstabilisantes
pour des entreprises souvent fragiles et des systèmes financiers
embryonnaires ? Comment peut-on promouvoir la bonne gouvernance financière
dans les pays émergents lorsque la majorité écrasante des entreprises est
constituée de PME dont la structure du capital est à dominante familiale ?
En définitive, reste-il encore une place pour les objectifs sociaux et
éthiques dans le pilotage de l’entreprise, à côté des objectifs purement
financiers ?
Au niveau mondial, les questions ne manquent
pas non plus : Le débat sur «l’architecture financière internationale», qui
s’est ouvert à l’occasion de la crise asiatique, a-t-il réussi à reformuler
des propositions viables ? Comment peut-on réactiver le rôle du prêteur en
dernier ressort au niveau national et international ? L’amélioration de la
représentation des économies émergentes au Fonds monétaire international,
avec le changement de formule de calcul des quotes-parts, est-elle en mesure
de favoriser la marche vers la bonne gouvernance mondiale ? Si la réforme de
la réglementation prudentielle, engagée dans le cadre de Bâle II,
s’avère insuffisante pour garantir la stabilité financière, quel partage des
tâches entre politique monétaire et politique prudentielle faut-il envisager
pour prévenir les épisodes d’instabilité financière ?
Votre
forum annuel se rapproche, quel en est le thème cette année ?
Les 17 mai à Paris et 24 juillet à Tunis nous
aborderons lors de l’édition Forum ATUGE 2008 le thème du Networking et de
son importance en tant que moteur des stratégies gagnantes, tant au niveau
du pays, des entreprises que des compétences, et ça c’est une autre
histoire. Merci et à vendredi 11 à Hammamet.