Canada : une manne gazière dans la vallée du fleuve Saint-Laurent

 
 
photo_1207561048180-1-1.jpg
Le port de Tadoussac, sur le fleuve canadien du Saint-Laurent, le 27 août 2007 (Photo : Guillaume Lavallée)

[07/04/2008 10:01:02] MONTREAL (AFP) D’importantes réserves de gaz naturel viennent d’être découvertes dans la vallée du Saint-Laurent, au coeur de la zone la plus densément peuplée du Québec, représentant une manne potentielle de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

La société américaine Forest Oil, basée à Denver, dans l’Etat du Colorado, a annoncé cette semaine les résultats de tests préliminaires sur un territoire de 1.100 kilomètres carrés entre Montréal et Québec, où elle détient des droits de prospection.

Le groupe évalue à 116 milliards de mètres cubes le potentiel de ce gisement, un pactole potentiel de 40 milliards de dollars au cours actuel du gaz naturel et qui pourrait n’être que la partie visible de l’iceberg.

Après cette annonce, la capitalisation des groupes gaziers québécois Gastem et Junex, qui détiennent des droits dans la vallée du Saint-Laurent et sont associés à Forest Oil, a doublé en moins d’une semaine.

“Nous détenons plus de 900.000 acres (3.600 kilomètres carrés) dans la vallée du St-Laurent… Si tout se confirme, comme Forest Oil l’anticipe, c’est certain que nos terres vont prendre de la valeur”, jubile Dave Pépin, membre de la direction de Junex.

photo_1207562267164-1-1.jpg
Les réserves de gaz naturel dans le monde en 2005, avant la découverte, en avril 2008, d’importants gisements au Canada (Photo : Sophie Ramis)

Les tests de Forest Oil ont été réalisés dans un bassin géologique formé de schistes argileux. “On connaît depuis de nombreuses années ces schistes gazeux. La nouveauté tient au fait que Forest Oil et ses partenaires ont documenté qu’il restait encore des quantités significatives de gaz naturel dans cette roche”, explique André Lavoie, chercheur à la Commission géologique du Canada.

Dans un schiste argileux, le gaz n’est pas concentré dans une poche, comme dans les réserves conventionnelles, mais est présent de manière diffuse dans la roche, ce qui complique son extraction.

Aux Etats-Unis, notamment au Texas, des compagnies exploitent le gaz naturel de schistes argileux, grâce au développement de techniques leur permettant de fracturer la roche pour en libérer le gaz avant de l’agglomérer et de le pomper.

“Les annonces et la frénésie actuelles sont basées sur une nouvelle approche d’exploration pour les hydrocarbures au Canada. Ce nouveau type de réserves est exploité aux Etats-Unis depuis de nombreuses années”, dit M. Lavoie, à la tête d’un vaste projet de recherche visant à évaluer “d’ici un an” l’ensemble des ressources en hydrocarbures de l’Est du Canada.

“La production de gaz des sols argileux est minime au Canada, tandis qu’aux Etats-Unis elle est mature. Aujourd’hui, les entreprises appliquent au Canada, là où elles le peuvent, les techniques développées aux Etats-Unis”, explique Chris Theal, analyste chez Tristone Capital.

Le Canada est le troisième producteur mondial de gaz naturel, mais l’exploitation des ressources conventionnelles commence à décliner, d’où l’intérêt croissant pour ce nouveau filon.

“Forest Oil a mis en lumière le potentiel de cette ressource. Mais il y a encore du travail afin de comprendre les caractéristiques du réservoir, la façon de fracturer la roche… Ces éléments seront clefs pour assurer le développement économique de la ressource”, estime M. Theal.

Celle-ci intéresse déjà le grand groupe pétrolier albertain Talisman, qui détient 3.200 kilomètres carrés dans la vallée du Saint-Laurent et qui, selon une porte-parole, prévoit de réaliser des forages cette année dans la région pour en évaluer le potentiel. Forest Oil souhaite quant à lui commencer la production dès 2009.

 07/04/2008 10:01:02 – © 2008 AFP