Bush prend le risque d’affronter le Congrès sur un projet de libre-échange

 
 
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George W. Bush, le 7 avril 2008 à Washington (Photo : Saul Loeb)

[07/04/2008 19:11:58] WASHINGTON (AFP) Le président américain George W. Bush a pris le risque lundi d’envoyer au Congrès, contrôlé par l’opposition démocrate, un projet contesté de traité de libre-échange avec la Colombie.

Ce projet de loi “mérite un soutien des deux partis au sein du Congrès”, a fait valoir M. Bush, en réclamant une ratification “urgente” du texte.

“Attendre plus longtemps pour envoyer ce texte pourrait faire courir le risque de voir le Congrès terminer sa session sans que le texte ait fait l’objet d’un vote”, a relevé M. Bush, qui n’est pas assuré d’obtenir le feu vert du Congrès en raison des réticences d’une partie des parlementaires.

“Le besoin d’un tel accord est trop urgent, les enjeux pour notre sécurité nationale trop élevés pour permettre que cette année s’achève sans vote”, a lancé M. Bush, devant l’ambassadrice colombienne à Washington Carolina Barco.

Le président américain a relevé qu’un traité de libre-échange servirait les intérêts stratégiques des Etats-Unis, la Colombie étant “l’un des alliés les plus solides” de son pays dans l’hémisphère occidental.

Un tel texte “renforcerait un allié courageux sur notre continent. Il aidera l’économie de l’Amérique et les travailleurs de l’Amérique à un moment vital”, a plaidé le président américain.

La majorité démocrate du Congrès a indiqué à plusieurs reprises qu’elle ne soutiendrait pas ce texte, tant que la Colombie n’aura pas fait des progrès dans la protection de ses syndicalistes et dans les enquêtes ouvertes sur les relations entre autorités, parlementaires et milices d’extrême-droite.

Récemment, devant la montée des inquiétudes sur l’économie américaine, une nouvelle condition est venue s’ajouter: l’obtention de compensations pour les Etats victimes de l’ouverture des frontières américaines.

“En envoyant l’accord de libre-échange avant de répondre à ces inquiétudes, le président Bush sape significativement le soutien pour cet accord”, a relevé le président de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid. M. Bush propose l’adoption de ce texte “dans des circonstances qui maximisent la possibilité qu’il ne soit pas ratifié”, a noté M. Reid dans un communiqué.

La semaine dernière, la présidente démocrate de la Chambre des démocrates Nancy Pelosi avait “déconseillé” au président Bush de passer en force, vu qu’il lui faut rallier au moins 30 parlementaires démocrates.

Les candidats démocrates à l’investiture de leur parti pour la prochaine élection présidentielles, Barrack Obama et Hillary Clinton, se sont souvent exprimés en termes critiques sur les accords de libre-échange. Le principal conseiller de Mme Clinton, Mark Penn, a du démissionner de ses fonctions dimanche lorsqu’il est apparu qu’il travaillait pour une entreprise de relations publiques défendant la position du gouvernement colombien.

Le Congrès dispose maintenant de 90 jours de session pour adopter ou non le texte, sans la moindre possibilité d’amendement.

L’accord de libre-échange avait été signé par les deux parties le 22 novembre 2006. Il a déjà été approuvé par les parlementaires colombiens.

 07/04/2008 19:11:58 – © 2008 AFP